Face à la multiplication des cas de grippe porcine, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a haussé son niveau d'alerte lundi. Au Canada, le nombre de cas confirmés reste inchangé à six, mais les autorités ont intensifié les mesures préventives.

Lundi en fin de journée, l'OMS a fait passer de trois à quatre, sur une échelle de six, le degré d'alerte de pandémie.

Le niveau 4 signifie que le virus se transmet d'un humain à un autre dans une communauté. Par conséquent, le risque qu'une pandémie se développe est plus élevé.

Épicentre de la crise, le Mexique recense désormais 149 décès liés à la grippe porcine et quelque 1600 cas où des personnes présentent des symptômes inquiétants.

Aux États-Unis, le nombre de cas confirmés est passé de 20 à 40. Des cas sont également confirmés en Espagne et en Grande-Bretagne.

Au Canada, les autorités rapportent toujours six cas confirmés de grippe porcine. Il s'agit de quatre résidants de la Nouvelle-Écosse et deux de la Colombie-Britannique, tous de retour d'un voyage récent au Mexique.

«Tous étaient des cas bénins et se sont rétablis», a fait savoir le directeur de l'Agence de la santé publique du Canada, le Dr David Butler-Jones.

En Ontario, on dénombre de 10 à 12 cas suspects. Aucun cas n'a été confirmé au Québec, mais trois cas suspects font l'objet d'investigations, dont un nouveau qui s'est déclaré lundi à Sherbrooke. Après analyse, l'un des cas s'est par ailleurs avéré négatif.

«Il y a un état de veille au gouvernement du Québec. Il y a un suivi très serré de la situation», a indiqué le premier ministre Jean Charest. Il a réuni en soirée quelques-uns des ministres de son cabinet pour déterminer si des mesures supplémentaires doivent être mises en place.

Le premier ministre a même suggéré aux Québécois d'éviter de se rendre au Mexique. «Je ne veux pas encourager les Québécois à aller au Mexique. Dans les circonstances, s'ils peuvent éviter d'y aller, si ce n'est pas nécessaire, je pense qu'il vaut mieux ne pas y aller», a-t-il dit.

Surveillance accrue au Canada

Partout au pays, de nouvelles mesures de prévention ont été mises en place. «Nous devons prendre toutes les précautions possibles», a déclaré la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq.

Depuis lundi, des messages sont diffusés dans les avions à l'intention des voyageurs en partance pour le Mexique ou qui reviennent d'un séjour là-bas.

Les passagers sont invités à consulter un médecin s'ils présentent des symptômes inhabituels comme de la forte fièvre ou de la toux. Les symptômes de la grippe porcine s'apparentent beaucoup à ceux de la grippe saisonnière. On rappelle aussi certaines mesures d'hygiène aux vacanciers, comme le lavage fréquent des mains.

Le Canada a entamé des discussions avec des fabricants de vaccins, mais ceux-ci ne pourraient être sur le marché avant six mois.

Des réserves suffisantes d'antiviraux comme le Tamiflu sont aussi disponibles, ont indiqué les autorités.

Mais ces antiviraux ne sont pas indiqués dans tous les cas. Il y a même un risque que le corps développe une résistance, explique le directeur de la protection de la santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda.

«Il faut traiter les gens qui en ont besoin. Ce ne sont pas tous les gens malades qui vont avoir besoin d'être traités», prévoit-il.

Des directives claires ont été envoyées à tous les hôpitaux, cliniques et établissements de santé. Si un patient se présente avec de la fièvre, de la toux ou des symptômes grippaux, il est aussitôt mis à l'écart pour éviter qu'il ne contamine d'autres patients.

En cas de doute, des tests en laboratoire seront effectués. Le virus peut se déclarer dans les sept jours suivant un contact avec une personne contaminée.

Face à un cas potentiel de contamination, le personnel de la santé doit porter blouse, gants et masque à haut pouvoir filtrant (de type N-95).

«Nous en faisons plus que moins. Avec les leçons que nous avons retenues du SRAS, nous voulons être sûrs qu'il n'y a pas de contamination avec le personnel de la santé par des voies aériennes», explique la Dre Marie Gourdeau, microbiologiste et infectiologue, présidente du Comité sur les infections nosocomiales du Québec.

La population semble s'informer davantage de la situation de la grippe porcine. Des pharmaciens ont rapporté qu'ils avaient répondu à plus de questions de leurs clients au cours des derniers jours sur la façon de se procurer des antiviraux.

La ligne Info-Santé a aussi vu une augmentation de 1% de son volume d'appels pour un syndrome d'allure grippal. Samedi, sur les 4588 appels reçus à Info-Santé, 55 concernaient la grippe.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard et de La Presse Canadienne