Longtemps plongée dans l'incertitude, la relance de Mine Jeffrey est aujourd'hui assurée. Le député de Richmond, Yvon Vallières, a annoncé que le gouvernement du Québec accordera un prêt de 58 millions de dollars pour permettre la reprise des activités de la mine souterraine d'amiante chrysotile.

Dans une ambiance de fête, plus de 800 personnes de la région s'étaient réunies sur la 1re Avenue, à Asbestos, pour entendre la nouvelle attendue depuis des mois. Parmi la foule, on comptait plusieurs maires de municipalités avoisinantes, de même que le député du Bloc québécois de la circonscription, André Bellavance. Mais surtout, de nombreux travailleurs, actuels et anciens, de Mine Jeffrey.

À son arrivée, Yvon Vallières a eu droit à une ovation. Blaguant au sujet d'un tatouage en forme de soleil que ses petites-filles avaient imprimé sur son avant-bras, le député a commencé son discours en affirmant qu'«il fera soleil pour plusieurs années sur la région d'Asbestos».

Pour recevoir le prêt de 58 millions nécessaire à la relance des activités souterraines de Mine Jeffrey, qui permettra la création de près de 500 emplois et assurera le maintien des quelques emplois toujours actifs, l'entreprise dirigée par Bernard Coulombe devait respecter plusieurs conditions, a révélé M. Vallières.

Mine Jeffrey devra, entre autres, verser 1,5 million annuellement au gouvernement du Québec durant 17 années. Les premiers 7,5 millions serviront à diversifier les secteurs d'activité de la MRC des Sources. Bernard Coulombe, qui est aussi PDG de la MRC, semble loin de trouver cette mesure contraignante. «Les mines, les entreprises qui exploitent des ressources naturelles, elles devraient avoir à rendre une redevance locale», estime-t-il.

Utilisation du chrysotile

Le gouvernement du Québec souhaite également que non seulement l'exploitation, mais aussi l'utilisation du chrysotile soit faite de façon sécuritaire. «Mine Jeffrey a demandé à ses clients de signer une entente à ce sujet», a répondu M. Vallières. Une inspection sera menée chaque année aux frais et sous la responsabilité de la mine Jeffrey. «Je suis convaincu que le Québec deviendra un leader mondial dans l'utilisation sécuritaire du chrysotile», a-t-il affirmé.

Le député, engagé dans le projet de relance depuis le début, avait assuré la semaine dernière qu'il souhaitait clore ce dossier avant de quitter la vie politique, c'est-à-dire avant les prochaines élections. «Je suis très heureux. J'aurais aimé qu'on règle ça avant, mais M. Coulombe a mis du temps pour répondre aux conditions et trouver les 25 millions d'investissements privés nécessaires.»

Trouver un investisseur n'a pas été chose facile, avoue M. Coulombe. «Il y a des partenaires potentiels qui ont changé d'idée. Il y a tellement de gens qui sont anti-amiante!» Finalement, l'homme d'affaires a trouvé un partenaire asiatique, qui acquerra 50% de l'entreprise la semaine prochaine. Toutefois, avant de dévoiler son nom, M. Coulombe souhaite le divulguer aux employés, actuels et nouveaux, lors d'une rencontre prévue lundi. Balcorp et Bernard Coulombe, qui possèdent actuellement les actions de l'entreprise, en conserveront 50% sous nouveau nom : Fibres minérales.

Un choix risqué?

D'ailleurs, puisque «les banques n'étaient pas au rendez-vous», M. Vallières indique que le gouvernement du Québec a choisi d'offrir un prêt directement à Mine Jeffrey plutôt qu'une garantie de prêt, comme il en était d'abord question.

Ce choix est-il risqué? M. Vallières parle au contraire d'une «décision éclairée». «Gouverner, ce n'est pas toujours prendre des décisions qui plaisent à tous. On est applaudis ici à Asbestos. On le sera peut-être moins ailleurs», admet-il, en spécifiant qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour la région.

Le prêt accordé par le gouvernement de Jean Charest - qui, selon M. Vallières, était absent lors de l'annonce en raison d'un agenda chargé - devrait prolonger d'au moins 20 ans les activités de la mine.