De 250 000 à 300 000 résidences au Canada ont été isolées avec de la vermiculite contaminée à l'amiante en provenance de la mine de Libby, au Montana. Pendant des années, afin d'économiser l'énergie, le gouvernement a encouragé l'usage de ce matériau commercialisé sous le nom de Zonolite.

Tout cela a pris fin au milieu des années 80, après qu'on eut constaté cette contamination.

Des recours collectifs ont été lancés contre l'entreprise W.R. Grace, mais il est trop tard pour en bénéficier. Il fallait s'inscrire avant le 31 décembre 2009, ce qu'ont fait environ 12 000 personnes au Canada. De toute manière, les dédommagements sont minimes: ils varient de 300$ à 600$ par cas.

W.R. Grace, comme plusieurs autres entreprises qui ont vendu des produits contenant de l'amiante, a croulé sous les poursuites. «Quand le recours a été déposé, la compagnie était déjà en faillite depuis cinq ans», relate Me Michel Bélanger, l'un des avocats canadiens qui ont participé au recours collectif contre W.R. Grace au Canada.

De plus, une juge américaine a estimé qu'il n'y avait pas de dommages pour les propriétaires de maison si l'isolant était laissé en place.

Le problème est néanmoins bien réel: lors d'une vente, l'acheteur va souvent exiger l'enlèvement de l'isolant, ce qui peut coûter 10 000$ ou plus, ou demander une diminution du prix de vente.

La Presse a pu visiter un chantier d'enlèvement de vermiculite. L'entrepreneur Alain Vigneault est dans le secteur depuis 25 ans et décontamine en moyenne deux maisons par semaine.

«Ici, la vermiculite est contaminée à l'actinolite (une forme d'amiante) à 0,5%, dit-il. C'est un problème à partir de 0,1%.»

Il faut enlever l'isolant avec un aspirateur géant qui dépose le tout dans un sac étanche, dans une remorque à l'extérieur, où l'air ressort filtré.

Les deux ouvriers qui font le travail ont des combinaisons jetables et des masques qui couvrent tout le visage. Chaque fois qu'ils quittent le chantier, ils passent par une série de compartiments où ils se déshabillent et prennent leur douche.

Dans ce cas, c'est l'acheteur de la maison qui la fait décontaminer. «On cherchait une maison depuis un petit bout de temps dans le secteur et il n'y avait pas tant de choix, dit-il. La maison avait les qualités qu'on cherchait et, comme elle a été sur le marché longtemps à cause entre autres du problème de contamination, le prix avait baissé de plus de 30 000$.»

«Pour trouver l'entrepreneur, j'en ai joint trois. J'ai choisi le seul qui ait pris la peine de se déplacer pour faire sa soumission. Les prix étaient pas mal pareils.»

«Pour nous c'était gagnant, avec les frais de 15 000$ de décontamination. On a fait ça en toute connaissance de cause. Et ça n'a pas posé de problème pour l'hypothèque. Par contre, deux assureurs ont refusé de nous couvrir.»