Le gouvernement québécois vient d'annoncer qu'il rendra publique une liste de 1550 immeubles publics contenant de l'amiante. Or, même si elle voit le jour, cette mesure est timide par rapport à la réglementation en vigueur en Ontario. Dans cette province, tous les bâtiments, publics ou privés, sont présumés contenir de l'amiante jusqu'à preuve du contraire.

Les propriétaires de bâtiments ontariens doivent faire une inspection complète et établir que leur bâtiment ne contient aucun matériau fabriqué avec de l'amiante.

S'ils découvrent de tels matériaux, ils doivent en évaluer l'état et intervenir si nécessaire, en les réparant ou en les retirant.

Les propriétaires doivent de plus aviser les occupants de la présence d'amiante.

Inspection annuelle

Le tout doit être prévu dans un programme de gestion des matériaux contenant de l'amiante. Les bâtiments qui contiennent de l'amiante doivent subir une inspection chaque année. Le plan de gestion doit être révisé en conséquence.

Le Québec devrait s'inspirer de l'Ontario, selon Jean-François Laberge, spécialiste en hygiène au travail qui a supervisé des centaines de projets de désamiantage au Québec. «Ce serait un bon modèle à suivre pour le Québec», dit-il.

«L'exposition à l'amiante est un risque sérieux lié au travail, affirme Matt Blajer, porte-parole du ministère du Travail de l'Ontario. Notre réglementation aide à assurer que les travailleurs sont protégés et cela contribue aux efforts de réduction des maladies professionnelles. Les propriétaires des immeubles doivent aviser par écrit les occupants d'un bâtiment de toute information du plan de gestion de l'amiante qui concerne l'espace qu'ils occupent.»

Seuls les bâtiments de quatre logements ou moins ne sont pas visés par la réglementation.

Depuis 2005, ce cadre réglementaire vise tout autant les matériaux friables que ceux qui sont non friables, considérés comme moins dangereux.

Pas de règlement clair

Selon M. Laberge, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) utilise actuellement ses pouvoirs généraux pour exiger de certains propriétaires de bâtiment qu'ils adoptent des plans de gestion de l'amiante, mais c'est insuffisant.

«Il existe ici aussi des plans de gestion de l'amiante, dit-il. La CSST demande à certains propriétaires de bâtiment d'en avoir, mais ce n'est pas appuyé sur un règlement.»

«Le contenu de ces plans est mal défini, dit-il. La façon de documenter l'état des matériaux et les interventions à faire sont mal définies. Est-ce qu'on doit fermer les locaux? Quels délais avons-nous? Ce n'est pas encadré. Les gens se donnent deux ou trois mois. Pour d'autres, c'est un an. C'est laissé au bon vouloir des gestionnaires, à leurs disponibilités budgétaires. Il y a une tolérance incroyable.»

Des tests plus efficaces

Il croit aussi que les actions seraient plus énergiques si on améliorait les façons de détecter l'amiante dans les lieux de travail.

«C'est bien beau de faire des tests d'air, dit-il. La plupart du temps, on va trouver que ça respecte les normes. Mais il faut aussi tester les poussières qui s'accumulent. Et personne ne va tester la présence d'amiante dans les poussières ou dans les conduites de ventilation. L'amiante dans la poussière va avoir un impact sur les gens qui font l'entretien et aussi ceux qui travaillent dans ces locaux.»