Les travailleurs qui ont reçu un diagnostic de maladie causée par l'amiante, comme le mésothéliome, ne font pas valoir suffisamment leurs droits, selon la Dre Louise De Guire, médecin-conseil à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

«Les médecins voient des cas dans les hôpitaux, mais ces gens ne pensent pas à se tourner vers la CSST, dit-elle. Les travailleurs ne sont pas toujours informés qu'ils ont le droit de réclamer des indemnités à la CSST pour ces maladies.»

La Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles prévoit un processus accéléré lorsqu'un travailleur soutient qu'il est atteint d'une maladie professionnelle pulmonaire, qu'elle soit causée par l'amiante ou un autre agent.

Dans ce cas, le dossier est transmis dans les 10 jours au Comité des maladies professionnelles pulmonaires, qui détermine si la maladie est liée au travail.

«Cette exception vaut pour toutes les maladies respiratoires, dit Mme De Guire. C'est un gain qu'ont obtenu les mineurs dans leurs luttes syndicales.»

Chaque année, l'amiante est la cause de 70% des morts qui font l'objet d'une réclamation à la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST). Il y a eu au total environ 650 morts causées par l'amiante au travail entre 1999 et 2008, selon la CSST. Mais le chiffre pourrait être beaucoup plus élevé, selon Mme De Guire.

Par exemple, dit-elle, seul un cas sur cinq (21%) de mésothéliome, une forme de cancer qui s'attaque à l'enveloppe des poumons, donne lieu à une demande à la CSST.

«Dans d'autres pays, 67% des cas sont indemnisés, dit Mme De Guire. On ne s'attend pas à arriver à 100%, mais on n'est pas très performant.»

Espérance de vie

«L'espérance de vie, en cas de mésothéliome, est très brève - de 6 mois à 2 ans. Les gens n'ont peut-être pas envie d'investir des énergies là-dedans», ajoute-t-elle.

L'INSPQ travaille depuis 2008 à la mise en place d'un réseau de surveillance plus serré des maladies causées par l'amiante.

L'organisme a ciblé trois régions pour un projet-pilote où la déclaration d'une maladie causée par l'amiante serait facilitée. «On espère que notre proposition va être acceptée, dit-elle. Il y a plusieurs niveaux de décision impliqués.»

Elle croit que si ces maladies étaient plus souvent déclarées, il pourrait y avoir des «surprises»: «Quand il y a un cas de maladie à déclaration obligatoire, il y a une enquête pour voir où le malade a été exposé à l'agent qui a causé la maladie. Le but est de découvrir des sources d'exposition nouvelles et inconnues. Il pourrait y avoir des surprises.»

L'amiante est très répandu dans les bâtiments construits avant 1980, particulièrement sous une forme friable qui est plus dangereuse pour la santé. Cet amiante floqué sert d'isolant et se libère facilement dans l'air, par exemple lors de rénovations, si des précautions ne sont pas prises pendant les travaux. Ces précautions sont obligatoires depuis 1990.