Une juge fédérale a ordonné au gouvernement américain de permettre un examen médical indépendant sur un détenu de Guantanamo nourri de force, une méthode contestée pratiquée dans le camp sur des grévistes de la faim.

La juge Gladys Kessler, de la cour du District de Columbia, a ordonné mardi au gouvernement de permettre que soit examiné le détenu syrien Abou Dhiab, emprisonné depuis 2002, régulièrement en grève de la faim depuis des années et nourri de force.

Un examen physique et psychiatrique par des praticiens indépendants doit pouvoir être mené dans la prison militaire de Guantanamo «le plus vite possible» et ses résultats présentés devant la cour «pas plus tard que le 15 septembre», indique le jugement.

La juge a également ordonné que l'ancien commandant du camp, le colonel John Bodgan, et l'ancien et actuel responsable médical du camp, répondent avant le 5 septembre à des questions relatives à la pratique de l'alimentation forcée.

Une audience aura lieu sur ce cas les 6 et 7 octobre.

L'avocat du détenu, Eric Lewis, a indiqué à l'AFP que cette décision était une bonne nouvelle: «Nous voulons la transparence, nous voulons être sûrs que notre client ne souffre pas sans raisons et soit soulagé».

Le détenu, qui est «en fauteuil roulant et en mauvais état de santé», est libérable depuis cinq ans mais n'a pas été libéré comme cinq autres détenus, accueillis par l'Uruguay, dit-il.

Selon l'avocat, c'est la première fois que l'ancien chef du camp doit répondre de cette pratique de l'alimentation forcée devant une cour civile.

Considérée comme extrêmement douloureuse par les défendeurs des droits de l'homme, elle consiste à insérer dans le nez une sonde naso-gastrique pour nourrir la personne.

Depuis une grève de la faim sans précédent, qui a touché un nombre record de détenus de Guantanamo pendant plus de six mois en 2013, les autorités militaires refusent de donner le nombre de protestataires qu'elles continuent à nourrir de force.

Il reste 149 détenus à Guantanamo, enfermés pour la plupart depuis plus de 12 ans sans inculpation ni procès, alors que Barack Obama promet de fermer la prison depuis qu'il est président.