«Mama is back.»

À 26 ans, Kim Clijsters a complété hier soir au US Open l'un des plus formidables retours de l'histoire du tennis. Disputant seulement son troisième tournoi après une pause de 30 mois, la Belge est devenue la troisième mère à remporter un tournoi du Grand Chelem, la première en 29 ans.

Clijsters, qui est la première joueuse invitée (wild card) à remporter un titre majeur, a disposé de la jeune Danoise Caroline Wozniacki, neuvième favorite, 7-5, 6-3. Très émue, les larmes aux yeux, elle a rejoint dans les gradins sa fille Jada et son mari Brian, qu'elle a longuement embrassés, avant de faire le tour de tout son clan.

«Je n'ai pas de mot pour dire ce que je ressens, a déclaré la championne après sa victoire. Défendre le titre que j'avais gagné en 2005, après être devenue mère, c'est comme un rêve. Je ne pourrais être plus heureuse.»

Clijsters, qui n'avait d'abord pas prévu revenir au tennis après sa retraite en 2007, puis la naissance de sa fille Jada en 2008, avait annoncé son retour au printemps en indiquant qu'elle souhaitait disputer le US Open, après un ou deux tournois de préparation.

Elle a bien fait à Cincinnati et à Toronto, en août, mais personne ne croyait la voir faire aussi bien à New York. «Les spectateurs ont été incroyables avec moi pendant tout le tournoi. Et être ici avec ma famille m'a permis d'apprécier la compétition sans devoir toujours subir la pression.»

Entourée de son mari, Brian Lynch, de sa famille et de toute une équipe - entraîneur, préparateur physique, nutritionniste, nounou, relationniste - Clijsters a prouvé qu'elle n'avait rien perdu de sa classe, bien au contraire.

Nerveuses au début du match - sept bris de service en première manche - les deux joueuses ont dû composer avec un vent tourbillonnant. Le métier de Clijsters l'a sûrement favorisée, mais elle a aussi su contrôler les émotions qui l'ont envahie à l'approche de la victoire. À 19 ans, Wozniacki avait profité de la déroute de plusieurs favorites pour atteindre la première grande finale de sa carrière. En fait, elle n'avait affronté qu'une seule joueuse mieux classée qu'elle, la Russe Svetlana Kuznetsova, sixième, au quatrième tour.

Elle a toutefois offert une excellente performance en finale, forçant Clijsters à commettre plusieurs fautes. Déjà révélation de la saison chez les femmes, Wozniacki va maintenant grimper au classement mondial et pourrait se glisser bientôt dans le top 5.

La grosse colère de Serena

Serena Williams prétend s'être assagie, mais elle a fait une très grosse colère, samedi soir, à la fin de sa demi-finale contre Clijsters.

Serena, qui n'était visiblement pas dans un bon jour, avait déjà détruit une raquette après avoir perdu la première manche, recevant un premier avertissement de l'arbitre. Menée 5-6, 15-30, dans la deuxième manche, elle a commis une double faute sur faute de pied, une décision rarement appelée au tennis, surtout dans les situations corsées.

Après avoir récupéré la balle pour le point suivant, Williams s'est plutôt dirigée vers la juge de ligne. Comme l'a fort bien résumé John McEnroe - un connaisseur : il a déjà perdu un match aux Internationaux d'Australie en accumulant les pénalités pour avoir injurié l'arbitre -, tous ses démons sont ressortis. Dans un langage injurieux, elle a menacé la juge de lui enfoncer la balle qu'elle brandissait au fond de la gorge.

La dame s'est sentie menacée et elle en a fait part à l'arbitre Louise Engzell. Cette dernière a vite été rejointe par le superviseur John Early et la décision est tombée: un point de pénalité, sur ce qui était le point de match.

Clijsters avait gagné et Serena venait d'ajouter un chapitre à sa réputation de bad girl. En conférence de presse, Williams n'a guère paru repentante. «Je ne me suis jamais battue de toute ma vie... Comment a-t-elle pu se sentir menacé?»

Hier, Serena a écopé 10 500 $ d'amendes pour conduite antisportive et les dirigeants de la USTA ont confirmé qu'une enquête était en cours pour évaluer si d'autres sanctions étaient nécessaires.

La directrice de la WTA, Stacey Allaster, a vivement blâmé Williams, jugeant sa conduite «inappropriée et non professionnelle», tout en approuvant les sanctions de la USTA.

À Roland-Garros plus tôt cet été, Williams s'était plainte de sa réputation. «Je suis comme les filles des téléréalités pour qui tout semble tourner au drame. Et tous les autres participants l'haïssent à cause de ces drames. Je ne veux pas être cette fille.»

Dommage pour elle, mais le dernier « drame « de Serena la suivra sans doute longtemps.