Malgré les critiques formulées au Québec sur sa mission «sociale poétique» dans l'espace, Guy Laliberté assure être «en paix» avec lui-même.

«C'est triste de voir que dans ta propre maison, ton propre village, tu te fais pointer comme ça. Mais ça s'évacue vite, parce que mon regard est beaucoup plus porté sur l'ensemble de la réussite», a confié hier à La Presse le fondateur du Cirque du Soleil, en marge d'une conférence de presse à Moscou.

«Je suis quelqu'un de sensible. Mais dans toute cette aventure-là, je suis en paix avec moi-même. Je suis conscient de mes origines. Avant, je gagnais de l'argent dans la rue et je donnais une partie de la cagnotte dans mon chapeau à celui qui en avait plus besoin que moi. J'ai toujours été engagé, je n'ai jamais fait la promotion de ma philanthropie», assure M. Laliberté, qui dit avoir dépensé 80 millions de dollars en charité et projets sociaux avant même la création de sa fondation One Drop en 2007.

«Que les gens jugent que c'est un projet narcissique, mégalo, ou autre, je me sens au-dessus de tout ça. Parce que si je me laisse influencer par ça, ça va me faire dévier de mes objectifs», poursuit M. Laliberté, à peine sorti de quarantaine, un peu plus d'une semaine après son retour sur terre.

«Le jugement, ce n'est pas une ou quelques personnes qui peuvent le faire, quant à moi. On va le voir sur le long terme. Aujourd'hui, je pense que la mission est accomplie. Elle a réussi à lancer un mouvement et à éveiller les consciences (à propos de l'eau).»

L'artiste et homme d'affaires indique avoir reçu beaucoup plus de messages de soutien que de critiques durant les six mois qu'aura duré le projet spatial.

Selon les estimations de son équipe, le spectacle De la terre aux étoiles pour l'eau, diffusé sur l'internet et sur quelques chaînes de télévision le 9 octobre, aura été vu par trois millions de personnes sur la planète. Elle évalue les retombées médiatiques de l'événement à 100 millions de dollars. M. Laliberté croit que cette grande visibilité profitera en premier lieu «à la cause de l'eau».

«Au Québec par exemple, je suis sûr qu'il y a six des sept millions de personnes qui ont entendu parler de l'eau (durant son voyage). Après ça, c'est à eux de décider. Mais le message a été communiqué.»

Le Cirque du Soleil, qui présente justement son premier spectacle en Russie vendredi, devrait aussi bénéficier de cette visibilité selon lui.

L'aventure spatiale de Guy Laliberté a été largement rapportée dans les médias russes, où le programme spatial hérité de l'époque soviétique est une véritable fierté nationale. Même s'il n'aura pas réussi à apprendre la langue de Dostoïevski, la photo du «clown de l'espace» aura fait le tour du pays.

Hier en conférence de presse, les yeux remplis d'admiration, certains journalistes russes n'hésitaient pas à avouer à M. Laliberté s'être fait «du mauvais sang» pour lui lors de son séjour dans l'espace, allant même jusqu'à lui demander un autographe et à l'applaudir.

L'accueil au Québec risque d'être moins triomphal. À son retour, Guy Laliberté ne compte pas s'adresser aux médias québécois. Il devrait toutefois participer à l'émission Tout le monde en parle le 8 novembre.