Après avoir étonné ses coéquipiers depuis cinq mois par le sérieux de son entraînement, Guy Laliberté a impressionné hier matin les experts comme l'astronaute canadien Steve MacLean.

Quatre minutes après un décollage impeccable effectué à 3h14 (heure de Montréal), le fondateur du Cirque du Soleil a été filmé à l'intérieur de la capsule Soyouz. Les deux pouces en l'air, il arborait un large sourire et se disait «super bien». Le geste n'est pas si anodin, a affirmé M. MacLean, président de l'Agence spatiale canadienne, en conférence de presse hier midi.

«Juste le fait qu'il ait levé la main et souri, quatre minutes après le décollage, alors qu'il y a beaucoup de vibrations et une pression de plusieurs G, montre qu'il est en très bonne forme. Peut-être que c'est son entraînement quand il était jeune qui fait en sorte qu'il ne sent rien», a noté M. MacLean dans les locaux de l'ASC, à Saint-Hubert.

Neuf minutes après le décollage, Guy Laliberté a pu expérimenter cette sensation unique, l'apesanteur, «ce merveilleux état de repos et de relaxation, qui vaut bien 35 millions!» a lancé en boutade le président de l'ASC.

Deux heures avant son départ, le multimilliardaire s'est entretenu avec son collègue et ami Daniel Lamarre, président et chef de la direction du Cirque du Soleil. «C'était l'euphorie, a résumé M. Lamarre, joint à Moscou. On a vu qu'il était vraiment heureux de partir. En même temps, il comprenait très bien tout le sérieux de l'aventure. J'ai été touché par le spirit entre Guy et ses coéquipiers (Maksim Surayev et Jeffrey Williams): même s'il n'est pas un astronaute professionnel, on voyait qu'il faisait partie de l'équipe.»

Pendant les 24 prochaines heures, l'équipage du Soyouz TMA-16 s'approchera de la Station spatiale internationale, à 350 km d'altitude, pour s'y arrimer. C'est au moment de quitter le milieu confiné de la capsule pour se retrouver dans la station que le «premier clown de l'espace», comme il se désigne lui-même, risque de connaître ses premiers malaises. «Pour le moment, ils sont comme trois passagers dans une Beetle, bien tassés, dit M. McLean. C'est différent dans la station, où il faut apprendre à se mouvoir dans un lieu plus grand. Quarante pour cent des astronautes sont affectés.»

Quant au volet «social et poétique» du voyage de Guy Laliberté, qui culminera avec un spectacle sur le thème de l'eau présenté simultanément dans 14 villes le 9 octobre prochain, il est loin d'être étranger au mandat de l'Agence spatiale canadienne, soutient son président. «J'ai été très enthousiaste là-dessus dès le départ. Cette mission sur l'eau est très ambitieuse et rejoint nos préoccupations. Nous avons nous-mêmes, à l'ASC, plusieurs projets relatifs à l'approvisionnement en eau depuis 15 ans, notamment le bassin du Saint-Laurent et des Grands Lacs et la cartographie des eaux souterraines en Afrique. Il y a un lien avec ce que M. Laliberté veut faire.»