Quel que soit le résultat des élections prévues en décembre, les Québécois pourront marquer le scrutin d'une pierre blanche: le coût global des six élections auxquelles ils ont participé depuis 2003 franchira alors le milliard de dollars.

Selon une compilation effectuée par La Presse, les trois élections fédérales ont coûté à elles seules 842 millions à l'ensemble des contribuables canadiens. Le dernier scrutin, celui du 14 octobre qui a redonné un gouvernement minoritaire conservateur aux Canadiens, a été le plus coûteux, à 290 millions. Il s'agit d'une hausse de 4% par rapport aux élections précédentes, celles de janvier 2006, qui avaient valu une facture de 278 millions aux contribuables.

Pourquoi cette hausse? «Il y a eu des changements législatifs entre 2006 et 2008 qui ont occasionné des frais», explique John Enright, porte-parole d'Élections Canada.

Trois nouveaux projets de loi sont venus modifier le processus électoral depuis deux ans. La loi C-31, par exemple, impose plus d'une vingtaine de nouvelles contraintes à Élections Canada pour s'assurer de la fiabilité de la liste électorale. La nouveauté la plus connue du public, celle qui a fait son entrée le 14 octobre dernier, est l'obligation de présenter une pièce d'identité avec photo, nom et adresse au moment de voter.

La loi C-16 a pour objectif de favoriser la participation des électeurs en augmentant par exemple de trois à quatre les jours de vote par anticipation.

Le volet le plus onéreux d'une élection est le salaire du personnel électoral, qui représente grosso modo 55% des coûts. En 2006, date du dernier rapport complet, il a fallu débourser 125 millions pour la rémunération du personnel électoral et des préposés au scrutin, l'impression des listes électorales ainsi que la location de bureaux pour les directeurs du scrutin et de bureaux de scrutin. Les préparatifs avaient coûté 95 millions.

Quant aux sommes remboursées aux partis et aux candidats, plus généreuses depuis la réforme implantée par Jean Chrétien en 2000, elles s'étaient élevées à 56 millions.

Explosion des coûts au Québec

Au Québec, on prévoit que des élections provinciales qui auraient lieu en décembre prochain coûteraient 83 millions. C'est une augmentation substantielle de 12% sur les dernières élections, celles de mars 2007, qui avaient porté au pouvoir le gouvernement minoritaire de Jean Charest et coûté 74 millions.

La hausse est encore plus flagrante si on remonte à avril 2003, où la défaite du gouvernement péquiste et son remplacement par le gouvernement Charest avaient coûté 59 millions. En cinq ans, le coût des élections au Québec aura donc augmenté de plus de 40%.

La principale responsable, ici aussi: la rémunération du personnel électoral, qui suit les barèmes de la fonction publique, explique Cynthia Gagnon, porte-parole à Élections Québec. «Depuis 2007, par exemple, il y a eu des hausses salariales de 4%. De plus, l'ensemble des coûts est soumis à l'inflation.»

Entre 2003 et 2007, Élections Québec a également été confronté à des problèmes de recrutement qui l'ont forcé à augmenter les salaires de ses employés, en plus d'être soumis au règlement sur l'équité salariale.

À la lecture du rapport annuel d'Élections Québec publié l'an dernier, on constate en effet que le poste «rémunération du personnel électoral» représente à lui seul une hausse de 12 millions par rapport au scrutin précédent.

L'autre hausse importante est au chapitre des «transports et communications», qui passent de 6,7 à 9,9 millions. Les candidats et partis politiques, qui ont reçu 10,8 millions en 2003, ont droit à une hausse de 1,3 million. Toutes les autres dépenses sont stables.

Les remboursements de dépenses aux candidats et aux partis passeront de 12 millions l'an dernier à 16 millions cette année, en raison des nouvelles règles. Québec remboursera dorénavant la moitié de leurs dépenses aux candidats ayant obtenu au moins 15% des votes, jusqu'à concurrence de 1,15$ par électeur -une hausse de 2 cents par rapport à 2007.

Même scénario pour les partis, qui pourront récupérer la moitié de leurs dépenses qui ne peuvent excéder 0,67$ par électeur, une hausse de 1 cent par rapport au scrutin précédent.

LE COÛT DES ÉLECTIONS DEPUIS CINQ ANS

PROVINCIALES /COÛT (MILLIONS) /FÉDÉRALES /COÛT (MILLIONS)

14 avril 2003 /59 /28 juin 2004 / 274

26 mars 2007 /74 /23 janvier 2006 /278

8 décembre 2008 /83* /14 octobre 2008 / 290

SOUS-TOTAUX / 216 842

TOTAL 1,058 milliard