La spectaculaire sortie de Benoit Labonté à Radio-Canada a généré de nombreuses réactions vendredi, non seulement de la part des principaux candidats à la mairie de la Ville de Montréal, mais aussi du bureau du Directeur général des élections du Québec, qui demande à l'ex-politicien montréalais de présenter des faits concrets pour avancer ses dires.

En entrevue à La Presse Canadienne, vendredi, le porte-parole du bureau du DGE, Denis Dion, a affirmé que Benoit Labonté avait porté, «à une heure de grande écoute à la télévision», des jugements extrêmement sévères sur l'ensemble du financement politique au Québec.

Tout en reconnaissant que le système était imparfait, le bureau du DGE se dit déçu que M. Labonté formule des reproches sans appuyer ses déclarations de faits qui permettraient à l'organisme d'intervenir.

«Si M. Labonté est logique avec lui-même, il va entrer en contact avec nous dans les meilleurs délais et il va nous communiquer les informations concrètes avec lesquelles nous allons pouvoir faire notre travail. Soit que ça va mener à des poursuites, éventuellement, soit que ça va nous aider à formuler des recommandations pour tenter de corriger des problèmes», a déclaré M. Dion.

Le porte-parole du bureau du DGE en a profité pour lancer un «appel pressant» aux électeurs d'aller voter le 1er novembre.

«Le rôle des électeurs, a affirmé M. Dion, est d'aller voter pour dire qu'ils croient encore au système électoral, qu'ils ont encore ce système à coeur et que malgré ces faiblesses, le système électoral en vaut encore la peine.»

Réactions des chefs

Plus tôt vendredi matin, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, avait nié les allégations de son ancien bras droit à l'effet qu'elle avait bénéficié des systèmes de financement illicites auxquels M. Labonté a fait allusion lors de l'entrevue-choc.

«En 27 ans et demi (de carrière politique), je n'ai jamais utilisé les systèmes décrits par Benoit Labonté, a-t-elle assuré. Je n'ai jamais eu, je n'ai pas et je n'aurai jamais l'intention d'utiliser ce genre de système.»

Toutefois, lors de son point de presse tenu devant l'Hôtel de Ville, Mme Harel a paru décontenancée lorsque questionnée au sujet de la directrice du financement de Vision Montréal.

«Je fais une campagne transparente, a fini par répondre Mme Harel. Si je suis venue faire le ménage avec un balai et qu'il faut un aspirateur, maintenant, vous savez à quel point je suis venue en disant clairement qu'il y a un gros ménage à faire.»

Les commentaires de Mme Harel n'ont pas impressionné le leader de Projet Montréal, Richard Bergeron.

«Tout le monde sait comment fonctionnent les partis politiques. Les modes de financement des partis sont connus de tout le monde. Elle (Mme Harel) a voulu profiter des réseaux en place. Elle a choisi volontairement Vision Montréal pour ces raisons, mais maintenant, sa mésalliance avec Benoit Labonté va lui coûter cher», a déclaré M. Bergeron.

De son côté, le maire Gérald Tremblay, qui avait répondu aux allégations de Benoit Labonté jeudi soir, a été invité à réagir de nouveau vendredi matin, cette fois à un article inclus dans le cadre d'une série de reportages du quotidien La Presse.

Dans ce texte, on y cite des propos de Bernard Trépanier, ancien directeur du financement d'Union Montréal entre 2004 et 2006, qui laisse entre autres sous-entendre, lors d'un entretien téléphonique avec Rosaire Sauriol (vice-président de Dessau), que M. Tremblay «ne voit rien» de ce qui se passe à l'Hôtel de Ville.

Dans un communiqué de presse transmis en fin de journée vendredi, M. Trépanier dit ne pas avoir «l'intention de répliquer à des insinuations dénouées (sic) de toute crédibilité». On y indique qu'il entend faire parvenir une mise en demeure à M. Labonté dont les «insinuations» ne sont, selon lui, que «des rumeurs et des ragots provenant de ouï-dire».

Réagissant à ces nouvelles révélations lors de son passage à l'émission matinale de Paul Arcand sur les ondes de la station radiophonique 98,5, M. Tremblay s'est limité à dire qu'il n'avait jamais été manipulé par qui que ce soit.

Par ailleurs, lors d'une tournée de divers studios de radio et de télévision de la métropole, M. Tremblay a lui aussi invité les citoyens de Montréal à se rendre aux urnes le 1er novembre, malgré le cynisme qu'ils peuvent entretenir.

«Je sais que ce n'est pas le temps, je sais qu'il n'y a pas une oreille attentive, mais il y a d'autres enjeux importants pour la Ville de Montréal, comme l'amélioration de la qualité des services, le développement économique, le transport en commun et l'environnement. C'est important et je veux que l'on puisse en discuter», a fait remarquer M. Tremblay, tout en demandant aux Montréalais de laisser la police faire son travail.