Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et la chef de Vision Montréal, Louise Harel, se sont quelque peu disputés ce jeudi, à propos d'une initiative que l'ex-ministre péquiste a prise en 2001 concernant les pouvoirs du comité exécutif de Montréal. Pour M. Tremblay, Mme Harel est «irresponsable». Pour Mme Harel, l'administration Tremblay «panique» et veut salir sa réputation «comme elle a sali la réputation de Montréal».

En début d'après-midi, le maire Tremblay a accusé Louise Harel d'avoir, quand elle était ministre des Affaires municipales en 2001, changé «en catimini» les règles d'attribution des contrats municipaux afin de favoriser l'ex-maire Pierre Bourque.

Le maire Tremblay a sorti un décret datant du 1er novembre 2001, soit trois jours avant l'élection municipale, initié par Mme Harel et qui, selon M. Tremblay, n'avait que pour but de prévoir qu'en cas de la réélection minoritaire de Pierre Bourque, il puisse conserver certains pouvoirs. Il a donc dit que Mme Harel était «bien mal placée pour donner des leçons sur l'attribution de contrats». Mme Harel avait en effet révélé à La Presse, mercredi, qu'elle avait écrit au ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, pour lui demander d'exiger de la Commission municipale du Québec d'ouvrir une enquête sur les procédures d'appel d'offres des contrats de la Ville de Montréal et de ses arrondissements.

«Mme Harel est la personne la moins crédible en la matière, a-t-il lancé. Elle a été la ministre des Affaires municipales la plus irresponsable quant aux règles d'attribution des contrats.»

Il a ajouté que dans l'ancienne ville de Montréal, tous les contrats de plus de 100 000 $ étaient approuvés par le conseil municipal, et que Mme Harel a fait adopter un décret pour accorder «des pouvoirs quasi illimités au comité exécutif pour l'approbation de contrats». «Elle a fait des manigances pour donner les clés de la ville à Pierre Bourque, a-t-il lancé. Elle a changé les règles du jeu.»

Finalement, M. Tremblay a été élu et le ministre André Boisclair a par la suite changé une des dispositions du décret en 2002 afin de «resserrer le processus d'attribution des contrats», écrivait La Presse le 25 mars 2002.

Jointe par La Presse, Mme Harel a nié qu'elle ait fait de telles manoeuvres. «L'administration Tremblay cherche désespérément à salir ma réputation comme elle a sali la réputation de Montréal, dit-elle. Cette histoire est une interprétation volontairement malhonnête. J'ai fait adopter en juin 2001 des dispositions qui faisaient resserrer les règles d'attribution des contrats. D'ailleurs, j'ai alors subi le courroux de certaines firmes professionnelles pour l'avoir fait. Cela consistait à faire adopter les mêmes règles pour ces firmes que celles que René Lévesque avait fait adopter dans les années 70 pour ces firmes au niveau municipal. Cela supposait le dépôt au conseil municipal de tous les contrats de plus de 25 000 $. Il faut au moins deux soumissionnaires. Interdiction de morceler les contrats. Ainsi de suite.»

Le décret, selon Mme Harel, permettait d'encadrer les pouvoirs du comité exécutif avec la même limite que le gouvernement libéral a accordé à la Ville de Québec. Mais pourquoi avoir adopté ce décret trois jours avant les élections de 2001? a demandé La Presse à Mme Harel.

«C'est son interprétation (au maire Tremblay), dit-elle. Cela correspond sûrement au fait que le comité de transition donnait suite à des demandes et dans ce décret, il y avait beaucoup d'autres choses.»

Dans le décret, il y a une dizaine de chapitres dont le 34.1 qui donnait au comité exécutif sept nouveaux pouvoirs en matière de gestion des ressources humaines, de gestion financière ou de gestion des dossiers juridiques.

«C'est un détournement extrêmement malhonnête, dit Mme Harel. Pourquoi dire que c'est un scandale alors que Québec a obtenu la même disposition? C'est pire qu'une tentative de diversion, c'est une tentative de détournement de leurs responsabilités. Cela fait huit ans qu'ils sont là. C'est pour essayer de masquer leurs turpitudes, leurs enquêtes et tout. Ils sont tellement paniqués qu'ils n'ont pas vu que c'étaient les mêmes dispositions à Québec.»