Dans une petite salle sans artifice située au premier étage du Centre Bell, deux hommes regardent la séquence vidéo au ralenti d'un tir de pénalité, dans laquelle Carey Price se fait déjouer par Bobby Butler, des Sénateurs d'Ottawa.

«Regarde, ici, il feint de mettre son poids sur sa jambe. Il joue avec son ballant. Repasse-le», demande Pierre Groulx, l'entraîneur des gardiens de buts, à son collègue Mario Leblanc.

En quelques clics habiles, Mario Leblanc fait rejouer la séquence vidéo en boucle. Pierre Groulx semble satisfait. L'analyste vidéo du Canadien de Montréal aussi.

Des extraits comme celui-ci, Mario Leblanc en prépare et en présente des milliers par année pour le bénéfice des entraîneurs et des joueurs de l'équipe. Grâce à un logiciel spécialement conçu, il marque en direct lors des matchs chaque séquence de jeu. «Le logiciel me permet de tout écrire: quel joueur est sur la glace à quel moment, qui a réalisé une passe, qui a fait un tir au but. Chaque touche du clavier a une utilité», explique-t-il.

«Ça nous permet de décortiquer le jeu de l'adversaire. Certaines équipes, comme Pittsburgh ou Washington, ont des patrons de jeu plus évidents. Ça nous aide à mieux nous préparer», illustre-t-il.

Les images dont il se sert sont stockées sur une douzaine d'enregistreurs numériques empilés dans son bureau. «J'ai accès à toutes les caméras du Centre Bell, aux images de RDS, en plus de celles d'une caméra installée au plafond», précise-t-il. Quand les Glorieux ne jouent pas à domicile, l'équipe adverse doit obligatoirement lui fournir un appareillage semblable.

En plus des 82 parties du Canadien, Mario Leblanc doit analyser les matchs de toutes les équipes adverses. «Je regarde environ 500 matchs par année, indique-t-il. Ça me prend environ cinq heures pour analyser un match». Un travail de moine. Mais le plus dur, confie-t-il, c'est d'entendre la foule hurler dans les gradins situés au-dessus de sa tête, alors que lui, il est coincé dans son petit bureau, rivé sur ses écrans.