Alors que la crise bat son plein au Parlement depuis maintenant une semaine, des conservateurs continuent à se questionner sur les responsables de ce qu'ils considèrent comme une erreur capitale commise par le premier ministre Stephen Harper et son entourage.

Plusieurs pointent dans la direction des principaux collaborateurs de M. Harper, dont Guy Giorno, le chef de cabinet du premier ministre depuis quelques mois. M. Giorno est arrivé en poste en juillet, pour remplacer Ian Bordie, l'ancien chef de cabinet qui a démissionné dans la foulée d'une controverse sur des commentaires faits au moment de l'élection américaine.

Avocat considéré comme l'un des spécialistes des règles sur le lobbyisme, Guy Giorno a été chef de cabinet de l'ancien premier ministre de l'Ontario, Mike Harris. On l'a décrit comme l'un des architectes de la révolution du « bon sens » du gouvernement conservateur ontarien.

Or, selon certains, il ne serait pas surprenant de voir M. Giorno quitter son poste dans les semaines à venir, vu son incapacité à empêcher le premier ministre de provoquer l'une des crises parlementaires les plus importantes des dernières décennies. «Quelqu'un va devoir payer et, habituellement, l'entourage du premier ministre tombe avant lui», a confié une source conservatrice à La Presse.

Mais d'autres proches conseillers du premier ministre sont aussi mentionnés dans les nombreuses conversations qui ont cours sur la colline depuis une semaine. Le premier ministre est en effet entouré d'un groupe de stratèges fidèles qui le suivent depuis sa course à la direction de l'Alliance canadienne, en 2002.

Parmi eux, on retrouve Patrick Muttart, qui joue un rôle de premier plan dans l'organisation de ses campagnes électorales, Mark Cameron, qui conseille M. Harper en matière de politique, et Jenny Byrne, responsable de la planification des enjeux au bureau du premier ministre.

«Qui a participé à la prise de décision ? C'est très difficile de le savoir. C'est un groupe très serré, et ils se tiennent entre eux», a déclaré une source.

«Mais peu importe comment ça finit, a-t-elle poursuivi, si on réussit à s'en sortir, le pouvoir moral de ce groupe-là va être sévèrement écorché.»

Le premier ministre devra répondre de ses actes

Au-delà de son entourage, des conservateurs maintiennent que c'est le premier ministre lui-même qui devra répondre de ses actes. Une source conservatrice a même confié à La Presse que Guy Giorno aurait plutôt essayé de convaincre M. Harper de ne pas inclure les « pilules empoisonnées » dans l'énoncé économique.

«Le premier ministre est son propre stratège en chef», a déclaré cette semaine à La Presse Canadienne un député conservateur sous le couvert de l'anonymat.

«Il nous a mis dans ce pétrin. Nous avons besoin de lui pour qu'il nous en sorte.»