La gouverneure générale, Michaëlle Jean, a mis un terme à sa tournée est-européenne hier pour rentrer au pays à toute vitesse en raison de la crise politique qui sévit à Ottawa.

Mme Jean sera donc de retour à Ottawa aujourd'hui de façon à pouvoir exercer, s'il y a lieu, ses pouvoirs constitutionnels. Le chef de l'État pourrait avoir à décider du sort du gouvernement conservateur minoritaire au cours des jours à venir.

«Le moment est venu de retourner à la maison. Je pense que ma présence est requise. Et je pense aussi qu'il me faut du temps pour bien juger la situation», a-t-elle déclaré hier au Toronto Star.

Mme Jean devait terminer samedi une série de visites d'État en République tchèque, en Slovaquie, en Slovénie et en Hongrie. Elle rentre donc trois jours plus tôt que prévu.

Le chef libéral, Stéphane Dion, choisi pour diriger l'éventuelle coalition PLC-NPD (appuyée par le Bloc québécois), a fait parvenir à la gouverneure générale une lettre qui l'informait qu'il avait la confiance de la Chambre des communes pour former un prochain gouvernement dans l'éventualité d'une défaite du gouvernement minoritaire conservateur lors d'un vote de confiance.

Interrogée hier à Prague par Radio-Canada, Mme Jean n'a pas indiqué ce qu'elle avait l'intention de faire dans une telle éventualité. Même si son rôle de représentante de la Reine n'est qu'en grande partie cérémonial, la gouverneure générale n'en jouit pas moins de certains pouvoirs exceptionnels lorsqu'il s'agit de veiller à la bonne marche des institutions parlementaires.

Le premier ministre, Stephen Harper, pourrait en effet demander dès cette semaine la prorogation du Parlement de façon à éviter de devoir faire face au vote de confiance prévu lundi prochain. La prorogation permettrait d'éviter ou de retarder la chute du gouvernement conservateur minoritaire. Elle ferait en sorte que les élus soient rappelés en Chambre le 27 janvier pour le dépôt du budget promis par le ministre des Finances, Jim Flaherty.

Mme Jean a affirmé hier qu'elle n'avait pas parlé au premier ministre Stephen Harper et que la décision de rentrer précipitamment au pays était la sienne. Elle a souligné que la situation actuelle requerrait beaucoup d'attention. «Je crois que ma présence au pays est nécessaire», a-t-elle dit.

Michaëlle Jean n'a pas voulu se prononcer sur ce qu'elle entendait faire si jamais le premier ministre Harper lui demandait de proroger le Parlement. Elle a affirmé qu'elle se devait d'abord de connaître les intentions réelles du chef du gouvernement avant de répondre à une telle question.