L'entente conclue vendredi à l'issue de la conférence sur les changements climatiques à Copenhague inquiète et déçoit les groupes environnementaux du Québec. Malgré que de grandes puissances industrielles soient parvenues à s'entendre pour limiter la hausse des températures mondiales à 2ºC, les environnementalistes d'ici jugent que seul un accord juridiquement contraignant peut limiter les dégâts engendrés par les changements climatiques.

«L'entente de Copenhague, c'est une montagne qui a accouché d'une souris!» a lancé Karel Mayrand, directeur québécois de la Fondation David Suzuki. «C'est difficile d'accepter que les délégations de 193 pays, 92 chefs d'État et 45 000 participants se soient déplacés pour signer un accord politique. Je n'éprouve que de la déception, car on vient de perdre une autre année. C'est clairement le résultat d'un manque de volonté politique.»

 

Mettre de la pression

La directrice intérimaire de Greenpeace Québec abonde dans le même sens. À son avis, il aurait été difficile d'imaginer pire conclusion pour le sommet des Nations unies. «Même s'il est intéressant que des pays qui n'ont pas signé Kyoto, comme les États-Unis, participent au dialogue, il est très clair que cette entente est une coquille vide», a expliqué Mélissa Fillion. «Nous sommes loin de ce que la science prescrit pour freiner les effets des changements climatiques. D'ici le prochain sommet à Mexico dans 12 mois, il faudra mettre de la pression sur les chefs d'État du Canada et d'ailleurs. Il est important de ne pas se laisser berner par cette entente qui est beaucoup trop volontaire.»

Sidney Ribaux, coordonnateur général du groupe Équiterre, estime également que l'entente adoptée est «faible». Il nourrit néanmoins l'espoir que ce premier terrain d'entente mènera à la signature d'un document plus contraignant au rendez-vous de Mexico.

«Il faut toutefois reconnaître que ce sont des négociations qui sont complexes. Les États ont beaucoup négocié ces dernières années pour adopter des traités de libre-échange. Mais un accord sur les changements climatiques touche à davantage de secteurs de la société et de l'économie», a expliqué celui qui s'est rendu à la conférence de Copenhague.

«Kyoto expire en 2012, donc il nous reste encore un peu de temps, a-t-il ajouté. Ce qui est décourageant, c'est que tous les pays sauf le Canada ont reconnu que cette première entente n'était pas satisfaisante. Les États-Unis, l'Union européenne, la Chine et le groupe des 77 sont tous d'accord sur ce point.»