Le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, ne croit plus possible la conclusion d'une entente internationale sur les changements climatiques à Copenhague.

Après quelques jours de négociations, M. Prentice a prévenu lundi que la conférence se conclura au mieux sur un énoncé politique, sans que les pays n'aient à signer d'engagements fermes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour la période 2012-2020.

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«Nous espérons pouvoir nous entendre sur un accord de principe qui préciserait un échéancier en 2010, afin de conclure un véritable traité international. Ca demeure notre objectif», a indiqué le ministre, lors d'une brève rencontre avec la presse.

Le retrait des pourparlers de la Chine, de l'Inde et d'autres pays à l'économie émergente, ainsi que les discussions sur le possible prolongement du Protocole de Kyoto ont, selon lui, contribué à ralentir les négociations lundi.

Pendant ce temps, le ministre a continué à faire l'objet de pressions de la part du premier ministre du Québec, Jean Charest, et des autres participants au Sommet des leaders, activité périphérique regroupant les États fédérés qui se tiendra mardi à Copenhague.

M. Charest a accusé lundi le gouvernement Harper de se limiter à un alignement sur la position des États-Unis en matière de changements climatiques.

«Ce n'est pas suffisant pour le Canada de suivre les Américains, il faut aller plus loin», a martelé le premier ministre, qui juge insatisfaisante la cible canadienne de réduction des émissions de GES de 20% d'ici 2020 par rapport à 2006, ce qui représente en fait une réduction de 3% en fonction de l'année de référence 1990.

Il s'est aussi questionné sur les déclarations du ministre Prentice, qui montrait dimanche aucune flexibilité sur les objectifs fixés par son gouvernement.

«Il dit deux choses: il dit notre position n'est pas négociable et il dit à la fois notre position est celle des États-Unis. Or, si celle des États-Unis évolue, ça veut dire que celle du Canada va évoluer aussi», a soutenu M. Charest, qui a eu l'occasion de rencontrer le ministre fédéral lundi.

Quant à la suite des négociations entre les pays participants, le premier ministre du Québec a reconnu que la conférence risque de se solder par une entente de principe seulement.

Il a précisé que cette probable conclusion décevante de la conférence de Copenhague ne remet nullement en question la cible fixée par son gouvernement, visant à réduire de 20% les émissions de GES d'ici 2020.

Pour sa part, le président-directeur général du Climate group, Steve Howard, qui participera au Sommet des leaders, a affirmé qu'il existait en quelque sorte «deux Canada» à la conférence de Copenhague.

Il a fait référence aux efforts fournis par les provinces aux cibles plus ambitieuses - le Québec, l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique -, et au manque de leadership, selon lui, du gouvernement fédéral.

«Le gouvernement du Canada ne joue pas le rôle auquel on pourrait s'attendre de sa part», a déploré le PDG de l'organisme faisant la promotion de la lutte aux changements climatiques auprès des gouvernements et des entreprises.

Le Sommet des leaders sera coprésidé par le premier ministre du Québec, Jean Charest, et le premier ministre de l'Australie du sud, Mike Rann.

Plusieurs personnalités y sont attendues, dont le gouverneur de l'État de Californie, Arnold Schwarzenegger, et le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon.