Accès quasi-bloqués, couloirs bondés, restrictions de mouvements: le Bella Center de Copenhague qui accueille la conférence climat souffre de surpopulation et les ONG vont en payer le prix, sommées de réduire le nombre de leurs participants de plus de 20 000 à 90.

Des centaines de nouveaux arrivants - délégués, observateurs, journalistes - venus pour le sprint final d'ici vendredi se sont retrouvés bloqués dans le froid à l'extérieur du bâtiment jusqu'à six heures d'affilée à cause d'une affluence aussi massive qu'inattendue, tandis que la police suspendait momentanément l'arrêt du métro à la station Bella Center. La tension des policiers danois - qui ont mobilisé plus de la moitié de leurs effectifs - et celle des organisateurs est exacerbée par la venue vendredi de plus d'une centaine de chefs d'État, dont le président américain Barack Obama et les chefs d'État et de gouvernement européens, russe ou chinois.

»» Suivez la conférence de Copenhague en direct sur le blogue de François Cardinal.

Plus de 45 000 personnes se sont enregistrées pour accéder au Bella Center, dont la capacité d'accueil est de 15 000 personnes, dont 22 000 rien que pour les ONG, selon Axel W-stenhagen, un des responsables onusiens de la logistique.

Lundi, les organisateurs ont annoncé des mesures drastiques pour contenir cette surpopulation: seules 7000 accréditations seront laissées aux ONG à partir de mardi et ce chiffre passera à 1 000 jeudi, pour tomber à 90 vendredi, lors du sommet des chefs d'État.

Dans les couloirs du Bella Center, les responsables d'ONG, sonnés, s'arrachaient les cheveux pour rentrer dans ces quotas.

«Ils font rentrer les dirigeants et sortir le peuple», râle Ricken Patel, le directeur canadien d'Avaaz, une des principales coalitions qui a obtenu 200 accréditations - ramenées à 39 dès mardi.

«On sait que dans ces négociations, on ne peut pas régler le changement climatique sans que les dirigeants sentent la pression. Et je m'inquiète de voir qu'on retire la pression au moment où on en a tant besoin», ajoute-t-il.

Jeremy Osbourn, responsable de la logistique de la campagne «350.org», doit rayer d'ici demain près de 300 personnes de sa liste de 350, venus exprès du monde entier.

«C'est incroyablement frustrant, ils nous mettent à la porte. D'un autre côté, leur bureaucratie nous pousse à nous concentrer sur le mouvement (de protestation) qui a lieu à l'extérieur de ces murs. Ils nous mettent à la porte mais dans le monde réel», remarque-t-il.

 «Nous comprenons les exigences de sécurité, notamment en vue de l'arrivée des chefs d'État (...) mais Oxfam s'inquiète du fait que la restriction brutale du nombre d'accréditations pour la société civile nuise à la transparence et à l'exigence de ces discussions», a déclaré Jeremy Hobbs, directeur exécutif de l'ONG Oxfam International, dans un message à l'AFP.

L'afflux massif de milliers de délégués, lobbyistes, journalistes et écologistes à Copenhague constitue un véritable casse-tête pour cette ville de 500 000 habitants.

La police danoise, sur les dents, mobilise depuis le début des travaux le 7 décembre la moitié de ses hommes, notamment pour encadrer les manifestations quasi-quotidiennes. Les hôtels sont bondés et nombre de visiteurs sont logés chez l'habitant, à plus de 100 kilomètres de la capitale ou en Suède. 

Les militants des ONG dorment le plus souvent dans des gymnases, dans des entrepôts loués à cet effet ou sur des bateaux ancrés dans le port. Un bateau de croisière capable d'accueillir 1 400 vacanciers a ainsi été loué dans le port par un groupe norvégien, qui le partage avec plusieurs centaines d'activistes.