Le consortium GÉNIeau aura finalement reçu 13,3 millions à la suite de l'annulation du contrat des compteurs d'eau. Et ce, même si seulement 37 appareils ont été installés.

Mercredi dernier, l'administration Tremblay a autorisé un paiement de 10,2 millions au consortium pour faire suite à la décision d'un arbitre intervenu dans le litige. Cette somme est plus élevée que les 7,8 millions avancés jusqu'à présent par la Ville de Montréal puisqu'elle comprend les intérêts, les taxes et les frais d'arbitrage. Ce paiement vient également s'ajouter aux 3,1 millions déjà versés en dédommagement.

Talonné par l'opposition lors de la séance du conseil municipal hier, le responsable des infrastructures au comité exécutif, Richard Deschamps, a de nouveau assuré que l'argent payait des services rendus: «GÉNIeau a fait des inspections, il y a eu préparation de tuyauterie dans 640 bâtiments, il y a 37 compteurs installés et quelques centaines d'autres en stock quelque part, a-t-il énuméré. Alors il y a des éléments pour lesquels on paie factuellement.»

Front commun

L'opposition, qui demande depuis des mois le détail de la réclamation faite par GÉNIeau, a sursauté en entendant que seulement 37 compteurs avaient été installés.

«Ce serait absurde», a lancé la chef de l'opposition, Louise Harel. «Ça me semble très cher pour 37 compteurs d'eau», s'est également indigné Alex Norris, conseiller de Projet Montréal.

Les deux partis de l'opposition continuent à réclamer que soient rendues publiques toutes les pièces justificatives de la réclamation de GÉNIeau. Ils ont d'ailleurs fait front commun la semaine dernière pour demander à la Commission d'accès à l'information de forcer leur diffusion. Une décision est attendue d'ici trois mois.

La conseillère Annie Samson a brandi hier une copie lourdement caviardée de l'arbitrage rendu au début du mois. «On appelle ça de la transparence opaque. Opaque, parce que tout ce qu'on peut voir, c'est le numéro des pages et qui l'a signé», s'est indignée l'élue.

L'administration Tremblay a de nouveau souligné hier que c'était le consortium qui refusait de rendre publics les détails de la facture. Devant le conseil municipal, le maire Tremblay a pris «l'engagement de rendre publique toute la documentation, lorsqu'[il] aura les autorisations».

Le consortium GÉNIeau, dirigé par l'homme d'affaires Tony Accurso et par la firme d'ingénieurs Dessau, avait obtenu en 2007 le mandat d'installer des compteurs d'eau dans les immeubles industriels, commerciaux et institutionnels. Ce contrat de 355 millions était à l'époque le plus important contrat de l'histoire de la Ville. Le vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, avait relevé en septembre 2009 une série d'irrégularités dans l'attribution du contrat et avait transmis le dossier à la Sûreté du Québec. Le contrat avait finalement été annulé par le maire Tremblay. La controverse avait coûté leur poste à deux hauts fonctionnaires, Claude Léger, alors directeur général de la Ville, et Robert Cassius de Linval, ancien directeur des affaires corporatives. Le consortium avait réclamé 34 millions à la Ville pour la résiliation de son contrat, mais a toujours refusé de détailler publiquement sa demande.