Le fonctionnaire de carrière Louis Roquet, ex-PDG d'Investissement Québec et de la Société des alcools du Québec, s'est vu confier hier une nouvelle tâche d'envergure: conseiller la nouvelle directrice générale de la Ville de Montréal dans la foulée du scandale des compteurs d'eau.

Le mandat de M. Roquet, précise-t-on à l'hôtel de ville, est «ponctuel» et «ad hoc». Pour 175$ l'heure, il fournira des recommandations à l'administration municipale dans le cadre d'un budget alloué de 7500$, soit une quarantaine d'heures de consultation.

 

La nomination de cet expert réputé, dont la carrière n'est pas liée à un parti, n'a pas soulevé de vagues auprès de l'opposition. «M. Roquet est reconnu pour être un très bon administrateur, a déclaré Louise Harel, chef de Vision Montréal. Je ne connais pas son mandat, mais tout ce qui peut renforcer la gestion de la Ville est bienvenu. Mais encore une fois, c'est trop peu trop tard.»

Louis Roquet, 69 ans, reviendra à ses premières amours dans l'administration publique puisqu'il a été directeur général de la Communauté urbaine de Montréal, puis secrétaire général de la Ville de Montréal, de 1990 à 1994. Son poste a été aboli par Pierre Bourque en décembre de cette même année. Il a ensuite hérité du siège de PDG de la Société de développement industriel du Québec, qui deviendra Investissement Québec.

Le gouvernement Landry lui a donné par la suite les rênes de la Société des alcools du Québec en 2002. C'est à son bref passage que l'on doit le fameux «virage performance» de la société d'État, dont il a été limogé à mi-mandat, en septembre 2004. Des observateurs attribuent alors sa disgrâce à un organisateur politique proche de Jean Charest, Raymond Boucher.

Il a brièvement retouché à l'administration municipale en 2007 alors que le maire Tremblay l'a nommé sur un comité chargé de repenser le financement de la Ville de Montréal.

Pour donner suite rapidement au rapport du vérificateur général sur les compteurs d'eau, l'administration Tremblay avait demandé la semaine dernière à la nouvelle directrice générale, Rachel Laperrière, de réviser le processus d'attribution des contrats. «Compte tenu de l'ampleur et de la complexité de ce mandat, j'ai convenu avec elle de demander à M. Louis Roquet d'agir auprès d'elle à titre de conseiller spécial, a expliqué dans un communiqué le maire Gérald Tremblay. La compétence, l'expérience, l'expertise et l'intégrité de Louis Roquet sont reconnues.»

Il a été impossible hier d'obtenir une entrevue avec M. Roquet. Dans un long portrait qui lui était consacré dans le magazine des HEC en 2004 - il venait d'être nommé MBA de l'année -, on souligne ses capacités uniques d'analyse... et son humour corrosif. «J'adore gérer la complexité», avoue Louis Roquet, peu après avoir été nommé président et chef de l'exploitation de Desjardins Capital de risque en octobre 2004. «Ma plus grande satisfaction, précise-t-il, consiste à opérer un changement radical sans que les gens ne s'en rendent compte.»

Candidat battu à la succession D'Alban D'Amours à la présidence du Mouvement Desjardins en mars 2008, M. Roquet a annoncé en juin dernier qu'il quittait l'entreprise. Il a été nommé le même mois à la tête du nouveau Fonds des médias du Canada, qui remplacera l'an prochain le Fonds canadien de télévision. Il préside également depuis la mi-mai le comité d'experts chargé de revoir les règles de gouvernance des Fonds d'intervention économique régionale, plongés dans la controverse en raison d'allégations de conflits d'intérêts.