Optimum, l'entreprise qui a coaché le vérificateur général de la Ville de Montréal pour la présentation de son rapport sur les compteurs d'eau, s'occupe aussi des relations publiques pour BPR, une firme d'ingénieurs montrée du doigt dans le rapport. Une situation qui soulève des critiques dans le milieu des communications.

Selon ce qu'a appris La Presse, Optimum (une filiale de Cossette) a rédigé ce week-end le communiqué de presse annonçant les grandes lignes du rapport du vérificateur. André Bouthillier, vice-président d'Optimum, a pour sa part coaché lundi le vérificateur, Jacques Bergeron, pour qu'il puisse s'adresser à la presse. Il a, pour ce faire, eu accès au rapport du vérificateur général avant même que les élus mettent la main dessus.

Or, Optimum s'occupe également des communications et agit comme porte-parole pour BPR, la firme d'ingénierie qui a piloté le dossier de la gestion de l'eau pour la Ville de Montréal et qui a rédigé les appels d'offres pour l'attribution des controversés compteurs d'eau. Dans son mandat, le vérificateur général devait notamment enquêter sur l'implication de BPR dans le dossier d'acquisition des compteurs d'eau.

En entrevue téléphonique, le vérificateur général, Jacques Bergeron, a affirmé hier qu'il n'avait pas été mis au courant des liens d'affaires liant Optimum à BPR. «Je peux cependant assurer qu'un mur de Chine a été établi pour s'assurer qu'il n'y ait pas de fuite, et il n'y a pas eu de fuite, a-t-il affirmé. Au stade où M. Bouthillier a eu accès au rapport, il ne pouvait par ailleurs exercer aucune influence sur son contenu. M. Bouthillier n'a eu qu'un rôle très limité dans ma préparation pour communiquer le rapport aux médias», a-t-il ajouté.

André Bouthillier a pour sa part assuré n'avoir à aucun moment partagé des informations sur ce dossier avec ses collègues. «Un solide mur chinois s'est construit entre moi et mes collègues, comme cela arrive souvent dans des cabinets d'avocat, avec l'accord de la vice-présidente, directrice générale de notre cabinet», a-t-il indiqué dans un courriel. La directrice générale d'Optimum, Isabelle Perras, a ajouté que, pour éviter les apparences de conflit d'intérêts, M. Bouthillier a travaillé de la maison pendant la durée de son contrat. Celui-ci était d'une valeur de moins de 10 000$.

Pour René Villemure, président de l'Institut québécois d'éthique appliquée et conférencier dans le cadre d'un cours sur l'éthique en relations publiques donné à McGill, l'embauche d'Optimum «n'était pas le choix le plus judicieux que pouvait faire le vérificateur général». «Les gens d'Optimum vont dire qu'ils sont nombreux à travailler sur différents dossiers, et que ces dossiers ne se touchent pas. Mais c'est assez indélicat, surtout si on ne révèle pas ce genre de lien. Dans un dossier de magouille, ça donne une impression supplémentaire de magouille», a-t-il dit.