D'importantes correspondances envoyées par l'homme d'affaires Karlheinz Schreiber au premier ministre Stephen Harper auraient été classées et oubliées par des bureaucrates fédéraux après réception, il y a deux ans.

Donald Smith, un membre du Bureau du Conseil privé (BCP), a affirmé lundi, dans le cadre de la commission Oliphant, chargée d'enquêter sur les liens entre l'ex-premier ministre Brian Mulroney et M. Schreiber, qu'un analyste peu expérimenté n'avait pas réalisé la signification de ce matériel et n'avait jamais cherché à obtenir l'avis de ses supérieurs quant au traitement qu'il devrait lui accorder, en mars 2007.

Parmi les correspondances, qui ont été classées par le BCP plutôt que d'être envoyées au bureau de Stephen Harper, figurait un sommaire des ententes d'affaires conclues par le passé entre MM. Schreiber et Mulroney.

Par la suite, lorsque M. Schreiber a évoqué ces ententes sur la place publique, en novembre 2007 - et qu'il a mentionné la lettre qu'il avait envoyée à M. Harper huit mois plus tôt -, des députés de l'opposition ont accusé le premier ministre de tenter de cacher l'affaire.

Stephen Harper avait alors vivement nié ces allégations et avait insisté pour dire qu'il n'avait jamais lu cette lettre datée du mois de mars.

Les preuves présentées lundi, devant le juge Jeffrey Oliphant, semblent corroborer cette assertion.

Sheila Powell, une autre membre du BCP, a pour sa part affirmé qu'il n'est pas étonnant que l'analyste n'ait pas réalisé les implications de cette correspondance en raison du niveau des détails contenus dans le matériel.

Selon elle, il aurait fallu que l'analyste ait une connaissance très approfondie de la situation de M. Schreiber pour que le matériel soit transféré au bureau de Stephen Harper. Mais à l'époque, a-t-elle dit, l'analyste qui a traité la correspondance n'était pas en mesure d'en saisir la signification.