Karlheinz Schreiber affirme avoir embelli la vérité dans une lettre chaleureuse envoyée il y a trois ans à Brian Mulroney dans l'espoir de convaincre son ancien ami d'intervenir en sa faveur auprès du premier ministre Stephen Harper.

M. Schreiber témoignait jeudi dans le cadre d'une enquête publique. Il a affirmé avoir écrit la présumée lettre au moment où M. Mulroney se préparait à rencontrer Stephen Harper, nouvellement élu, en juillet 2006.

L'objectif de l'homme d'affaires était de prouver qu'il «n'était pas un ennemi» du Parti conservateur, de revenir dans les bonnes grâces de Brian Mulroney et d'obtenir la sympathie de M. Harper.

M. Schreiber voulait que l'ancien premier ministre montre la lettre à Stephen Harper et qu'une commission d'enquête fédérale soit créée pour rétablir sa réputation.

Il espérait également éviter l'extradition vers l'Allemagne, où il fait face à des accusations de fraude, de corruption et d'évasion fiscale.

La rencontre entre MM. Mulroney et Harper a eu lieu comme prévu, mais les deux hommes ont nié avoir discuté de Karlheinz Schreiber, des procédures d'extradition ou de toute histoire judiciaire le concernant.

Dans la présumée lettre de réconciliation avec M. Mulroney, M. Schreiber lui aurait présenté ses excuses pour d'anciennes querelles au sujet du projet Bear Head, visant à faire construire des véhicules blindés de conception allemande au Canada. Il aurait également exprimé de la sympathie envers l'ancien premier ministre concernant les allégations auxquelles il avait fait face dix ans auparavant lors de la vente des avions Airbus à Air Canada.

Dans son témoignage, jeudi, M. Schreiber a affirmé que la majeure partie de la lettre reflétait ses véritables sentiments, mais pas la lettre en entier.

Il a ainsi révélé que ses excuses à M. Mulroney n'étaient pas sincères et qu'il n'était toujours pas satisfait des explications reçues au sujet de la déroute du projet Bear Head.

À ce moment, a-t-il affirmé au procureur en chef de la commission, Richard Wolson, il aurait dit «bien des choses» pour obtenir ce qu'il voulait. «Si toutes les lettres que vous envoyiez à des politiciens étaient vraies, nous vivrions dans un monde bien différent.»

Selon M. Schreiber, Brian Mulroney aurait affirmé, par le biais de l'ancien membre du cabinet conservateur Elmer MacKay, qu'une lettre d'excuses était nécessaire pour fins de réconciliation, avant qu'il ne songe à intervenir auprès de Stephen Harper.

Lorsque M. Wilson a demandé pourquoi les excuses devaient être présentées par écrit, M. Schreiber a dit que c'était tout simplement M. Mulroney qui le souhaitait ainsi. «Quand vous vivez dans mon monde, les politiciens vous approchent avec des demandes toutes plus bizarres les unes que les autres, et il est préférable que vous y répondiez.»