Même si son mariage n'était pas parfait, Amanda Rodrigues affirme qu'Arturo Gatti et elle n'ont jamais été séparés, et assure qu'ils étaient toujours follement amoureux en 2009, avant la mort tragique du boxeur.

«Je l'aimais plus que moi-même. Quand je l'ai vu mort, j'ai dit à Dieu: tu peux prendre n'importe quoi, mais pas mon mari», a sangloté la veuve de 25 ans, hier, alors qu'elle témoignait au procès qui l'oppose à la mère et au frère d'Arturo Gatti (Ida et Fabrizio), de même qu'à Sofia, la fille que le boxeur a eue d'une union précédente.

Les trois font front commun et demandent à la Cour supérieure de déclarer Mme Rodrigues indigne de succéder pour cause de captation. Après des discussions qualifiées de positives, les parties semblaient sur le point de régler le litige à l'amiable, hier, mais cela ne s'est pas concrétisé. Il semble que la mère de la petite Sofia, Erica Rivera, qui réside au New Jersey, n'ait pas donné son accord, ou encore, qu'elle n'avait pu être jointe, hier.

La juge Claudine Roy a donc remis le procès sur les rails. Fabrizio Gatti, qui devait retourner à la barre pour témoigner, a tenté d'obtenir un délai d'une heure pour «faire des appels.» Mais la juge a refusé. S'il y a des tractations à faire, elles devraient se faire le soir, car il ne faut plus perdre de temps, a décrété le juge.

Témoignage

Le procès s'est poursuivi avec le contre-interrogatoire de Fabrizio Gatti. Mais le coeur n'y était visiblement plus. Fabrizio Gatti s'est montré beaucoup plus modéré dans ses réponses, quand il s'agissait de parler de Mme Rodrigues. Il s'est aussi montré hésitant plusieurs fois. De son côté, Mme Rodrigues paraissait triste. À un certain moment, elle a quitté la salle d'audience en pleurs. En après-midi, c'est elle qui a été appelée à témoigner.

Pendant que son avocat faisait défiler les photos sur un écran, Mme Rodrigues expliquait dans quelles circonstances chacune d'elles avait été prise. Là, elle s'apprêtait à monter dans un hélicoptère en robe de mariée avec Arturo, pour survoler le Grand Canyon. Cette autre la montrait dans la mer, ou au bord d'une piscine avec Arturo, et leur fils Junior. Hawaii, les Bahamas, Panama, Cuba, le Mexique, une croisière, l'Europe, le Brésil-Arturo et Amanda voyageaient énormément.

Mme Rodrigues attribue les problèmes dans son couple à la consommation d'alcool d'Arturo. À jeun, il était merveilleux et romantique, mais ivre, il se transformait et devenait violent. Ses yeux et même sa voix changeaient, a-t-elle dit. Le lendemain, il n'arrivait pas à croire ce qu'il avait fait.

Moments difficiles

À moins qu'une entente soit survenue depuis hier, le procès se poursuivra ce matin. La lassitude était palpable chez les parties, hier. Mme Rodrigues a fait valoir, en pleurant, qu'elle vivait des moments terribles depuis la mort d'Arturo, et qu'elle était fatiguée de se battre.

Il faut dire que la veuve est attaquée sur plusieurs fronts. La semaine dernière, Erica Rivera (mère de la petite Sofia) a intenté une poursuite civile au New Jersey contre Mme Rodrigues. Ce recours vise à tenir Mme Rodrigues responsable civilement de la mort d'Arturo Gatti. Dans la foulée, un juge a gelé les avoirs de la succession. La juge croit que même la pension alimentaire versée pour le petit Arturo Junior pourrait être gelée. Ce qui signifie qu'à partir de maintenant, «cet enfant-là ne mange pas», s'est impatientée la juge.

En ce qui concerne Sofia, 5 ans, le problème ne semble pas se poser. De son vivant, son père, Arturo Gatti, a créé une fiducie afin que sa mère reçoive une pension de 4640$ par mois jusqu'à la majorité de l'enfant. Un fonds de 100 000$ est aussi disponible pour ses études. Enfin, le boxeur a donné 250 000$ à Mme Rivera pour qu'elle s'achète une maison.

Au nom de sa fille, Mme Rivera s'est jointe aux Gatti juste avant que ne débute le procès à Montréal contre Mme Rodrigues.

Rappelons que le boxeur est mort pendu le 11 juillet 2009, dans le condo de vacances qu'il occupait au Brésil, avec Mme Rodrigues et leur fils, Arturo Junior.