Amanda Rodrigues aimait Arturo Gatti pour lui-même, certainement pas pour sa renommée ni pour son argent. La jeune Brésilienne prétend même que ce n'est qu'après quatre mois de fréquentations assidues, en 2006, qu'elle a su que son amoureux était boxeur professionnel.

C'est l'étonnante affirmation que Mme Rodrigues a faite, mercredi, alors qu'elle témoignait au procès qui l'oppose à la famille du défunt boxeur pour l'héritage de ce dernier. En vertu d'un testament fait trois semaines avant sa mort tragique au Brésil, en juillet 2009, Arturo Gatti a fait de Mme Rodrigues la seule héritière de ses millions. La famille Gatti accuse la veuve d'avoir manipulé Arturo pour arriver à ses fins et veut la faire déclarer indigne de succéder.

Appelée à la barre par Me Carmine Mercadante, qui représente la famille Gatti, Mme Rodrigues s'est défendue bec et ongles contre les insinuations de l'avocat. Non, elle n'a pas connu Arturo Gatti dans un bar de strip-tease de New York, mais dans la rue, à New York, en juin ou juillet 2006, alors qu'ils promenaient leur chien respectif. Ce sont les chiens qui ont d'abord fait connaissance, a-t-elle expliqué d'un air attendri. Non, elle n'a jamais travaillé comme strip-teaseuse au Squeeze Lounge sous le nom de Jessica. Elle reconnaît cependant qu'elle est déjà allée dans ce bar et que Jessica est le nom de sa cousine.

Elle soutient que sa relation avec Arturo Gatti a été intense dès le début. Ils se voyaient chaque jour, affirme-t-elle. Mais elle ne s'est jamais souciée de savoir ce qu'il faisait dans la vie. «Je l'ai aimé avant de savoir ce qu'il faisait. C'est pour ça qu'il m'a choisie.» Elle a su qu'Arturo était boxeur quand quelqu'un a reconnu et abordé Arturo alors que le couple se promenait dans Central Park. L'homme avait tout de même été champion du monde dans la catégorie des super-légers. «Je ne connaissais rien à la boxe. Au Brésil, on s'intéresse au soccer», s'est-elle défendue.

«Pas wow»

Me Mercadante a tenté de faire admettre à Mme Rodrigues qu'elle avait bien dû remarquer, à l'époque, qu'Arturo habitait un luxueux appartement avec vue sur l'eau, au New Jersey. «C'était beau, mais ce n'était pas "wow", a rétorqué Mme Rodrigues, du tac au tac. Cela n'avait rien à voir avec celui qu'on a habité après le mariage.»

Mme Rodrigues admet avoir accompagné Arturo Gatti six ou sept fois dans des bars de strip-tease, mais ce n'est qu'au bout d'une dizaine de mois de fréquentations qu'ils ont eu leur première relation sexuelle, selon son récit. «J'ai couché avec Arturo pour la première fois un mois avant qu'on se fiance», a-t-elle dit.

Les fiançailles ont eu lieu à la fin avril 2007, et ils se sont mariés à Las Vegas en août. Arturo a toutefois tenu à ce qu'ils signent un contrat de mariage en séparation de biens avant de convoler. Ils sont allés dans un bureau d'avocats, Mme Rodrigues a signé. Elle affirme qu'elle ne savait pas ce qu'elle signait et qu'elle ne s'en souciait pas, car ce n'était pas important pour elle. Elle avait 21 ans, Arturo en avait 35.

Pourtant, quelques jours après le mariage, Arturo et Amanda sont retournés dans le même bureau dans le but de détruire le contrat. Selon Mme Rodrigues, cette initiative est venue d'Arturo. «Il m'a dit: "Je sais ce que je t'ai fait signer. On va rester ensemble toute la vie. Je vais te prouver que je t'aime, on va le détruire." Il a voulu me prouver qu'il m'aimait. Il a fait quelque chose de magnifique.» Mais voilà, au cabinet d'avocats, la secrétaire a soutenu que le contrat leur avait été posté. Mme Rodrigues n'a jamais revu le document, et elle a pensé qu'il avait été détruit.

Le couple est venu s'établir à Montréal au cours de l'année 2008, et Mme Rodrigues a accouché d'Arturo fils en septembre. Selon plusieurs témoins, la relation du couple a périclité par la suite, si bien qu'Arturo est allé demeurer chez sa mère, à Rivière-des-Prairies. Malgré tout, Arturo et Amanda se voyaient souvent et voyageaient ensemble.

Mme Rodrigues nie qu'ils aient été au bord du divorce quand son mari a signé le fameux testament, le 17 juin 2009. Arturo avait consulté une avocate spécialisée en divorce en mai 2009. Mme Rodrigues a toujours soutenu qu'elle-même n'avait jamais consulté un tel professionnel. Or, mercredi, Me Mercandante lui a prouvé qu'elle avait menti puisqu'elle est allée voir un avocat en droit familial en mai 2009. Son avocat dans la présente cause, Me Pierre-Hugues Fortin, a toutefois réussi à obtenir une ordonnance de la juge Claudine Roy pour que le contenu des discussions avec cet avocat ne soit pas dévoilé, en raison du secret professionnel. Le procès se poursuit ce matin.

Pas de règlement

Il est à noter que mercredi matin, la juge Roy a exhorté les parties à négocier une entente, car la succession a fondu de moitié depuis deux ans. Il ne reste que 3,4 millions et, au train où vont les choses, il pourrait ne plus rien rester au terme du procès. La juge a signalé que des poursuites ont été intentées aux États-Unis et a rappelé que le fisc pourrait réclamer des sommes. En sortant de la salle d'audience, pendant que son avocat incitait Mme Rodrigues à ne pas parler, la fougueuse Brésilienne a fait valoir qu'il n'était pas question de négociations pour elle. Le clan Gatti semblait plus ouvert à ce sujet. « Ce serait une bonne idée », a lâché Fabrizio Gatti.