Dépeinte comme une chipie hystérique et machiavélique depuis le début du procès qui l'oppose au clan Gatti, Amanda Rodrigues, veuve du boxeur Arturo Gatti, affirme qu'elle a hâte de comparaître pour donner sa version des faits.

«J'ai confiance, la vérité va sortir et ce sera bon pour moi. Je le mérite», a-t-elle dit à la sortie de la salle d'audience, vendredi midi, à Montréal.

Questionnée par les journalistes sur le sombre portrait que les amis de son défunt mari ont tracé d'elle au cours de cette première semaine de procès, la femme de 25 ans a dit comprendre «qu'ils souffrent», mais elle a ajouté qu'elle souffre aussi. «Je ne comprends pas qu'ils essaient de m'humilier. Je ne pense pas que ce soit nécessaire», a-t-elle indiqué, avant d'ajouter que c'est difficile pour elle, car elle est seule. Mais elle se réjouit de l'arrivée prochaine de sa famille, le mois prochain.

Mme Rodrigues doit se battre pour toucher l'héritage de son mari. Ida et Fabrizio Gatti, respectivement mère et frère du défunt, de même que Sofia, la fille qu'il a eue d'une union précédente, demandent à la Cour supérieure de déclarer Amanda Rodrigues indigne de succéder, pour cause de captation. Ils considèrent qu'elle a manipulé Arturo Gatti pour qu'il change son testament à son seul avantage, alors que l'homme de 37ans envisageait plutôt de divorcer.

Gatti a signé ce testament trois semaines avant de mourir de façon tragique, le 11 juillet 2009, alors qu'il était en vacances au Brésil avec Mme Rodrigues et leur fils, Junior. Il serait mort pendu. Après avoir soupçonné Mme Rodrigues, les autorités brésiliennes ont conclu au suicide, thèse réfutée cette semaine par des enquêteurs privés embauchés par l'ex-gérant du boxeur, Pat Lynch.

Des témoignages

Le notaire Bruce Moidel, premier témoin entendu à ce procès, a raconté que c'est lui qui avait recommandé à Mme Rodrigues de faire son testament avec Arturo Gatti, en juin 2009, parce qu'ils partaient en voyage en Europe sans leur fils. Mme Rodrigues était allée le voir simplement pour obtenir un document qui permettrait à Arturo de voyager hors du pays avec leur fils, a-t-il dit.

L'associé d'affaires d'Arturo Gatti, Tonny Rizzo, a toutefois donné un autre son de cloche. Gatti lui avait confié dès mars 2009 que Mme Rodrigues voulait qu'il change son testament afin d'avoir «tout pour elle». Il aurait ajouté qu'il ne ferait jamais ça. Aux yeux de M.Rizzo et d'autres amis d'enfance d'Arturo Gatti, ce dernier était pris dans une relation totalement dysfonctionnelle, mais il marchait sur des oeufs parce qu'il craignait de perdre son fils. «Si elle s'en va au Brésil avec mon fils, je ne le reverrai jamais», aurait-il confié à M.Rizzo.

Les soeurs Gisela et Marisa Mineiro, amies du défunt, se souviennent d'Amanda Rodrigues comme d'une femme intransigeante, autoritaire, qui prenait beaucoup de place, parlait fort, avait une opinion sur tout et médisait de la famille Gatti. Mme Rodrigues semble être l'antithèse de la femme effacée et résignée.

Pendant la première semaine du procès, Mme Rodrigues était assise à côté de son avocat, Pierre-Hugues Fortin. Elle écoutait attentivement les témoignages et prenait des notes, manifestement pour traquer les erreurs. Elle poussait souvent du coude Me Fortin pour attirer son attention sur une note qu'elle venait de prendre, alors que celui-ci était en train de poser des questions. Ce manège n'a pas toujours semblé faire l'affaire de l'avocat. Quand les témoins racontaient des choses abominables à son sujet, elle prenait un air scandalisé.

Souvent, elle et son vis-à-vis Fabrizio Gatti ont semblé se toiser du regard, presque avec défi. Anna-Maria Gatti, soeur d'Arturo et ex-femme de Dave Hilton, a assisté aux quatre premiers jours du procès. Arturo Gatti est mort le jour où elle s'est remariée, en Floride.