Dans une lettre impitoyable envers la famille Gatti, la femme du défunt boxeur Arturo Gatti, Amanda Rodrigues, a souhaité «rétablir la vérité» en réglant au passage ses comptes avec sa belle-famille. La Brésilienne de 23 ans écrit dans cette lettre, qu'elle a envoyée mercredi à La Presse, que son mari était plus proche d'elle que de la famille Gatti. Elle ajoute que, au moment où le boxeur a eu des problèmes d'alcool et de drogue, elle a été la seule «qui l'ait jamais aidé».

Pour la famille Gatti, cette lettre n'est qu'un «tissu de mensonges». «Je vois ça comme un cri de désespoir. Les résultats de la seconde autopsie vont sortir bientôt et elle s'inquiète», indique le frère du boxeur, Fabrizio Gatti, à qui La Presse a lu la lettre.

Arturo Gatti, ex-boxeur professionnel de Montréal et adulé durant sa carrière de 16 ans aux États-Unis, a été trouvé mort à l'âge de 37 ans dans un complexe touristique au Brésil, le matin du 11 juillet. Sa femme et mère de leur fils de 10 mois a d'abord été soupçonnée de l'avoir tué. Puis, coup de théâtre : après l'avoir incarcérée pendant 18 jours, les autorités brésiliennes ont blanchi la jeune femme et ont plutôt conclu au suicide. Mme Rodrigues a écrit en anglais cette lettre de deux pages à sa sortie de prison, de retour auprès de son fils et de ses parents à Belo Horizonte.

«Arturo était ma vie ! Il faisait partie de tous mes rêves et de tous mes objectifs. Je ne sais pas comment je pourrai recommencer à vivre», écrit-elle. Elle dit regretter de ne pas avoir pu assister aux funérailles à Montréal. Jointe par téléphone chez son père, au Brésil, Mme Rodrigues ajoute que Dieu lui a rendu justice dans son pays et qu'il «reste maintenant que justice soit rendue à l'extérieur». Elle fait ainsi référence à la seconde autopsie commandée par la famille Gatti au Canada, dont les résultats seront connus dans les prochaines semaines.

La famille Gatti soupçonne toujours la veuve d'être impliquée dans la mort d'Arturo. «Les pires accusations sont venues de la famille d'Arturo. Famille avec laquelle je n'ai jamais eu la moindre intimité. Pas parce que je ne le voulais pas ou parce que je ne l'aimais pas. Cette intimité n'a jamais existé parce que mon mari n'a jamais été tellement proche de sa propre famille», indique la veuve. Dans sa lettre, elle tient des propos très durs envers le père d'Arturo, mort lorsque ce dernier était adolescent. Elle le décrit comme violent et agressif, à l'origine des problèmes de «dépression» de Gatti.

Ces affirmations font bondir Fabrizio Gatti ainsi qu'un ami d'enfance du boxeur, Christian Santos. «La famille d'Arturo ressemblait à toutes les familles italiennes de l'époque. Le père était strict, mais il avait de belles valeurs», souligne M. Santos. Mais jamais Arturo n'a eu des tendances suicidaires. Ni durant son adolescence ni à aucun autre moment, ajoute l'ami d'enfance. «Je ne veux pas la salir publiquement comme elle est en train de nous salir. Mais rien dans sa lettre n'est vrai, à part la dernière phrase, lorsqu'elle dit que Dieu est loyal et que la vérité va sortir», indique Fabrizio Gatti. À ses yeux, c'est Amanda Rodrigues qui a tout fait pour éloigner Arturo de sa famille.

La famille Gatti accuse la veuve d'avoir forcé Arturo à changer son testament peu de temps avant de mourir. «Je tiens à mettre au clair qu'Arturo et moi avons signé des documents qui donnent à ma famille la garde de mon fils si nous mourons tous les deux. Arturo savait plus que moi qu'il valait mieux que notre fils soit élevé par ma famille. Il ne voudrait jamais que Junior soit élevé de la même façon et dans le même milieu que lui», déclare Mme Rodrigues dans sa lettre. Le premier mot du bébé fut «papa» et il continue de dire «papa», indique la veuve, qui insiste sur le fait qu'Arturo, lui, était un bon père.

La famille Gatti et Amanda Rodrigues s'accusent mutuellement d'être obnubilés par la fortune du millionnaire défunt. «Je sais que, même après l'autopsie privée, quand il aura été prouvé pour la deuxième fois que je n'ai pas fait de mal à mon mari, ils seront toujours contre moi, pour réclamer et se battre dans l'espoir de recevoir une partie de l'héritage d'Arturo», écrit Mme Rodrigues. De son côté, la famille Gatti dit que c'est le sort du fils d'Arturo, resté au Brésil, qui la préoccupe.

Mme Rodrigues affirme aussi que son mari avait des problèmes d'alcool et de drogue, dont la famille du boxeur ne se serait pas préoccupée. Archifaux, répondent les Gatti. «Tout le monde aime faire la fête, mais Arturo n'a jamais été alcoolique ni drogué», souligne son frère.

Celui qui a été deux fois champion du monde aurait eu de la difficulté à prendre sa retraite en 2007, toujours selon la veuve. «Après sa retraite, il n'avait pas de plan professionnel parce que, finalement, sa vie, c'était la boxe. Je pense que, pas seulement pour lui, mais pour la majorité des athlètes, c'est une phase très difficile», explique-t-elle.

Plusieurs médias, dont le New York Daily News, ont décrit Mme Rodrigues comme une danseuse nue qu'Arturo aurait rencontrée dans un bar aux États-Unis. «Je suis évidemment fâchée que des gens qui ne nous connaissent même pas inventent des histoires et portent des jugements sur nous», répond Mme Rodrigues.

Le combat que se livrent Amanda Rodrigues et la famille Gatti risque d'être aussi dur que ceux qu'a livrés Arturo «Thunder» Gatti de son vivant, réputé pour être un boxeur spectaculaire qui ne s'avouait jamais vaincu.