Une deuxième autopsie sera pratiquée sur le corps de l'ex-boxeur montréalais Arturo Gatti, qui a été retrouvé mort au Brésil à la mi-juillet.

L'ancien entraîneur de Gatti, Bernard Barré, a confirmé vendredi que le bureau du coroner avait accédé à la demande de la famille du boxeur, qui réclamait que le corps de l'ancien champion mondial soit exhumé et analysé de nouveau.

Le coroner en chef adjoint du Québec, Gilles Ethier, a indiqué que le corps du boxeur avait été exhumé et reposait à la morgue de Montréal. L'autopsie devrait avoir lieu ce samedi. M. Ethier a ajouté que la famille de Gatti avait demandé la présence d'un pathologiste américain qui participera à l'autopsie.

La famille de Gatti rejette les prétentions des autorités brésiliennes qui ont conclu plus tôt cette semaine que l'homme de 37 ans s'était suicidé.

Devant ces réactions, le gouvernement canadien a même réclamé vendredi plus de détails quant aux circonstances entourant la mort du boxeur.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a indiqué dans une déclaration écrite que le gouvernement souhaitait obtenir plus d'informations relativement à l'enquête et à ses conclusions.

«J'ai chargé les fonctionnaires du ministère (...) de faire une demande formelle aux autorités brésiliennes pour des détails supplémentaires sur les événements entourant le décès du citoyen canadien, M. Arturo Gatti», a fait savoir le ministre.

La police brésilienne a indiqué, jeudi, avoir conclu que la mort du sportif de 37 ans était un suicide, suite à l'autopsie pratiquée sur son corps et à l'analyse de la scène.

Incrédule face à cette conclusion, la famille de M. Gatti avait toutefois réclamé qu'une autopsie indépendante soit pratiquée au Canada.

Au terme de son enquête, la police brésilienne a affirmé, vendredi, qu'Arturo Gatti s'était pendu avec la courroie d'un sac à main qu'il avait attachée à une colonne d'un escalier en bois à plus de deux mètres du sol.

Milena Saraiva, porte-parole de la police de Recife, dans le nord-est du pays, a précisé que la police avait d'abord pensé que Gatti avait été étranglé par sa conjointe parce qu'on avait retrouvé son corps et la courroie ensanglantée côte à côte sur le sol.

«Cette affaire est réglée. Même si les preuves sur place nous ont menés à penser que Gatti avait été assassiné, les résultats de l'autopsie et l'analyse détaillée de la scène du crime ont abouti à une autre conclusion», a expliqué Mme Saraiva.

Un juge a donc ordonné jeudi la libération de la conjointe de Gatti, Amanda Rodrigues, âgée de 23 ans. Le couple était arrivé au Brésil quelques jours plus tôt avec leur fils âgé de 10 mois.

L'autopsie a révélé que Gatti s'était pendu très tôt, le 11 juillet. Il est monté sur un tabouret, qu'il a ensuite renversé d'un coup de pied, selon la police. Il est par la suite resté pendu durant environ trois heures avant que son corps ne tombe au sol.

Une analyse menée sur les lieux a permis de trouver des marques sur la colonne de l'escalier.

Le corps de Gatti a été retrouvé plusieurs heures plus tard par sa conjointe brésilienne. Mme Rodrigues a expliqué aux autorités qu'elle dormait à l'étage avec le fils du couple. Elle est descendue vers 6 h pour chercher un verre de lait pour son fils, mais a cru que M. Gatti était sur le sol parce qu'il s'était endormi ivre. Ce n'est que trois heures plus tard qu'elle est redescendue, vers 9 h, pour découvrir qu'il était mort. Elle a alors appelé la police.

Mme Saraiva a précisé que 17 témoins avaient indiqué à la police que le couple s'était violemment querellé la veille dans une rue près de leur hôtel. Selon les témoins, M. Gatti aurait, selon les témoins, pris Mme Rodrigues, qui pèse environ 100 livres, par le menton pour la projeter au sol.

Le sportif avait consommé sept canettes de bière et deux bouteilles de vin au cours de la soirée, a raconté Mme Saraiva.

Mme Rodrigues explique d'ailleurs le suicide de son ex-conjoint par leur querelle. Gatti se serait peut-être suicidé parce qu'il craignait qu'elle le quitte le lendemain, a-t-elle indiqué à l'Associated Press, en entrevue téléphonique à sa sortie de prison.

Des documents de la chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec indiquent par ailleurs que Gatti a été accusé, le 16 avril dernier, d'avoir enfreint une ordonnance d'interdiction de communication. La mère de Gatti, Ida, a avancé que la demande avait été faite par Mme Rodrigues.