Le choix d'un président de commission est toujours délicat. Mais s'agissant d'une commission sur la nomination des juges, on atteint un niveau de difficulté suprême.

Le contexte hautement politique de cette commission de rechange n'est pas très attrayant en partant. Déjà l'opposition en conteste l'existence, y voit une pure manoeuvre. Ça part mal.

 

Et puis, le problème avec les juges, c'est qu'ils ont été nommés par quelqu'un - Duplessis disait qu'il «créait» des juges.

Qui veut aller se faire fouiller la généalogie judiciaire, aussi pur soit-il, tout d'un coup qu'il aurait donné 200$ aux créditistes en 1978, ou que son beau-frère fait dans l'excavation?

En partant, ça ne peut pas vraiment être un juge de la Cour du Québec, ou qui l'a été. Ceux-là ont été nommés par le gouvernement du Québec, donc forcément par les libéraux ou le PQ - le dernier juge nommé par l'Union nationale a pris sa retraite en 1999. Même pour ceux qui n'ont aucun passé politique (il y en a tout de même en quantité), cela pose un problème de perception.

Faut-il donc un juge du Missouri ou de l'Australie? Un hygiéniste dentaire? Un cartomancien agréé?

Il faudrait un commissaire rompu au monde judiciaire, qui ait une autorité morale immense, qui soit efficace, en bonne forme et sans préjugé partisan.

L'idée d'un juge fédéral à la retraite est une piste intéressante. Je verrais très bien l'ancien juge en chef de la Cour d'appel, Pierre A. Michaud, qui fait maintenant de l'arbitrage, ou l'ancien prof de droit et ex-juge à la Cour d'appel Jean-Louis Baudouin. Ce ne sont pas les seuls. Encore faudrait-il qu'ils soient intéressés. On pourrait penser également à des avocats d'expérience, qui n'aspirent plus à être nommés juges.

Mais une fois qu'on aura tracé le portrait-robot du candidat idéal, une fois la liste établie, restera à convaincre ce candidat d'accepter.

Et là-dessus, on souhaite bonne chance au premier ministre.