Dans le salon, la lumière est tamisée. Les fauteuils sont disposés en cercle. Sarah, 17 ans, se cramponne à son siège, une boîte de mouchoirs à ses pieds. Tous les yeux sont tournés vers elle. La «matante» du groupe, toujours prête à aider, s'apprête à partager pour la première fois son histoire de consommation. «J'ai le coeur qui veut exploser tellement je suis nerveuse.»

Son récit durera plus d'une heure. «À 8 ans, j'ai pris ma première consommation. Un verre de vin rouge. Je voulais tellement ressembler aux adultes. Dès la première gorgée, j'ai aimé ça. J'ai été feeling assez vite.»

 

Les adultes de son entourage boivent beaucoup et, rapidement, elle se met à boire à tous les repas. «Mes parents se sont séparés. Ça a été un divorce difficile. Mon père a perdu son voilier, sa grande maison. Il a commencé à boire du matin au soir. De mon côté, je demandais un verre de plus au souper, je buvais en cachette.»

À 11 ans, elle fume son premier joint. «Mon père était toujours au bar, je devais m'occuper de l'appartement. J'ai fait une dépression, je m'automutilais. Ma souffrance sortait par mes plaies.» Dans la pénombre, le petit diamant incrusté dans sa dent brille. Ses yeux humides aussi.

Après, c'est la dégringolade. À 13 ans, elle se fait violer par son copain. «Ma consommation a monté en flèche. Le pot n'arrivait plus à me geler, j'ai commencé à prendre du speed. Dès que j'avais un down, aux 30 minutes, j'en prenais un.» Silence.

Devenue accro au speed et à la cocaïne, elle se retrouve rapidement sans le sou. «J'ai vendu, j'ai fait pousser. J'ai commencé à coucher avec des gars de deux fois mon âge contre de l'argent et de la drogue. Je consommais dès le réveil, à l'école, partout. Je cassais tout.»

Puis, c'est le déclic. «J'ai frappé ma mère, je l'ai rentrée dans le mur.» Ça ne peut plus durer. «Si je continuais, la drogue me tuait, ou moi, je me tuais.»

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Note: Certains prénoms ont été modifiés.

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