Est-il raisonnable que Dominique Strauss-Kahn, un des hommes les plus puissants et intelligents de la planète, qui, vu son prestige, pourrait avoir à ses pieds (sinon plus!) les plus belles femmes, se compromette dans des amours fugaces et ancillaires (il paraît que la «victime» n'est même pas belle), et accumule ensuite les maladresses comme un petit voyou pris en faute?

Seule une pulsion irrésistible (d'où atténuation de responsabilité) peut expliquer (je ne dis pas justifier) un tel comportement.

Il est connu que la plupart des hommes de pouvoir ont témoigné chacun dans leur style (du collectionneur François Mitterrand au hussard Jacques Chirac) d'une sexualité probablement plus débridée que la normale.

Pensons à John F. Kennedy, auquel il fallait impérativement beaucoup de partenaires (les plus belles filles étaient rabattues par son beau-frère Peter Lawford), à Bill Clinton, et à la trop longue liste de ceux dont l'histoire a enregistré ce qu'on appelait des «frasques» et que notre époque bien pensante requalifie en crimes.

Il semblerait que les mêmes hormones (surrénales) soient les moteurs de l'ambition et du sexe. Le langage courant en témoigne. Quand le président Nicolas Sarkozy l'a emporté sur ses adversaires, il a dit qu'il les avaient tous «baisés».

En France, au pays de la présomption d'innocence, la fellation, cet acte éminemment répréhensible s'il a été imposé (ce dont on n'est pas encore totalement certain), ne mérite probablement pas autant d'indignité que la peine à laquelle s'expose DSK aux États-Unis (74 ans de prison pour quelques secondes de plaisir).

Il est vrai que le passé de M. Strass-Kahn, sans constituer une preuve à proprement parler, ne plaide pas en sa faveur.

Soit il peut prouver son innocence et l'affaire s'arrête... sauf pour lui qui ne pourra jamais faire taire totalement les soupçons et dont l'image restera marquée.

Soit il a réellement fait ce dont on l'accuse. Et dans ce cas, même si une sanction semble nécessaire, elle ne doit pas être ridiculement disproportionnée (pourquoi pas la chaise électrique!) et tenir compte du fait que, compte tenu de son comportement aberrant, tout en étant responsable de ses actes, cet homme doit être considéré avant tout comme un malade avec ce que cela donne de circonstances atténuantes, en excluant cependant l'acquittement.

Ce qui distingue la simple névrose - l'appétit de pouvoir et de sexe peut être considéré comme telle - d'une psychose, c'est qu'elle reste contrôlable. Il semblerait que ce ne soit pas le cas de M. Strauss-Khan, si les accusations sont prouvées.

Ce qui veut dire que dans un pays civilisé, et non pas rendu fou par l'obsession du politiquement correct, le malheureux serait à mon avis justiciable de cinq ans de prison, une indemnité à la «victime» et l'obligation de suivre une thérapie.