e dois dans une certaine mesure donner raison à la grogne populaire et aux milliers de manifestants dans les rues de Québec et de Montréal à l'encontre du dernier budget du gouvernement du Québec. Car on n'a pas l'habitude d'être confronté si ouvertement à la vérité et à un gouvernement qui a osé prendre les bonnes et dures décisions plutôt que de pelleter les problèmes des finances publiques en avant ou de laisser le prochain gouvernement faire le «sale travail» à sa place.

On n'a pas l'habitude non plus de se faire dire que la récréation a assez duré, qu'il faut arrêter de vivre au-dessus de nos moyens, qu'il faut cesser d'handicaper les générations futures, nos enfants et nos petits-enfants, en leur basculant derrière la tête, sur fond de décroissance démographique et de vieillissement de la population, les problèmes de dette galopante ou de structure intenable des dépenses publiques que nous n'avons pas voulu voir, encore moins résoudre.

Et ne nous racontons pas d'histoires. Lorsqu'on continue de réclamer que le gouvernement fasse le grand ménage dans sa cour, nous savons fort bien qu'il le fait de façon brutale et sans précédent dans son dernier budget.

L'effort de redressement des finances publiques se fera par l'entremise des dépenses gouvernementales à hauteur de 63% et visera notamment, la masse salariale globale qui sera gelée au cours des prochaines années; le maintien du remplacement d'un départ pour deux à la retraite et l'application de cette mesure au personnel administratif des réseaux de la santé et de l'éducation, incluant les cadres; la révision en profondeur des programmes; un autofinancement obligatoire des nouvelles initiatives; la fusion ou l'abolition d'une trentaine d'organismes.

Mais malgré cela, malgré cet effort colossal, nous devons nous résoudre à faire également notre part comme contribuables pour le 37% manquant, si véritablement nous tenons au maintien des services publics «utiles» que nous nous sommes donnés.

Bien sûr, il y aura toujours des décisions isolées et détestables, des aberrations de gestion et de gaspillage de ressources qui, d'un cours de cuisine à l'autre jusqu'à l'apprentissage du silence pour les fonctionnaires, nous feront sortir de nos gonds. Il faut combattre de toutes nos forces ces excès, en tenant pour acquis que nous ne serons jamais tout à fait à l'abri de décisions loufoques prises par quelques-uns des milliers de fonctionnaires à l'emploi de l'État québécois. Mais je suis persuadé que dans le contexte de compression actuel et de contrôle des fonds publics, la situation ne pourra évoluer que pour le mieux.

Le budget du gouvernement du Québec est ce qu'il fallait faire pour commencer à remettre sur ses rails l'État québécois et reprendre le contrôle sur notre avenir. Et nous n'avons aujourd'hui qu'un seul reproche à faire au gouvernement du Québec, celui de ne pas avoir profité de l'occasion du sommet économique de janvier dernier (comme nous lui mentionnions d'ailleurs dans cette chronique à cette époque) pour amorcer une véritable et grandiose offensive pédagogique auprès de la population.

De grands virages doivent se préparer, s'expliquer et se justifier. La surprise aurait été moins grande au sein de la population. Mais il n'est pas trop tard pour prendre le bâton du pèlerin et pour présenter essentiellement deux scénarios: le statu quo qui nous fait foncer directement sur un mur de briques, ou celui de l'action et de la détermination qui nous annonce des jours sûrement meilleurs.