La semaine pour l'école publique est un moment propice pour s'interroger sur cette institution qui est trop souvent laissée dans l'ombre des comparaisons avec l'école privée.

La gouvernance en matière d'éducation au Québec est trop peu souvent remise en question. Les sommes colossales investies dans l'éducation par les Québécois méritent d'être allouées aux élèves et aux intervenants de premières lignes dans les écoles publiques. Le Québec mérite une école privée de gaspillage. Pour mettre en oeuvre des changements profonds, il importe que l'État québécois prenne en charge la gouvernance de l'éducation.

 

L'État québécois ne doit plus laisser l'éducation en sous-traitance aux commissions scolaires. Ces structures archaïques ont été mises en place au XIXe siècle pour gérer l'éducation «religieuse» alors que l'État était minimaliste. Aujourd'hui, l'État québécois à le devoir de prendre en charge la gestion du réseau scolaire. Il n'y a plus lieu de conserver la commission scolaire tel qu'elle existait jadis d'autant qu'elle n'a plus la légitimité démocratique d'exercer son pouvoir fiscal depuis fort longtemps.

L'existence même des commissions scolaires prive et dérive les écoles publiques des ressources dont elles ont tant besoin. Pour être efficace et adaptée à son milieu, l'école a besoin de liberté et d'indépendance. Les responsabilités et les prérogatives exercées par les commissions scolaires doivent être transférées aux établissements scolaires et au ministère de l'Éducation.

Ainsi, l'actuelle taxe scolaire fondée sur l'évaluation foncière doit céder sa place, par souci d'équité, à l'impôt sur le revenu comme pour tous les services gouvernementaux. Le gouvernement est garant d'un financement équitable. Les Québécois contribueront ainsi à l'éducation de l'ensemble de la jeunesse du Québec sans l'intermédiaire des commissions scolaires. Cette réorganisation radicale de l'école québécoise lui offrira enfin les moyens qui lui font défaut pour convaincre ceux qui pensent qu'on fait mieux au privé.

Une source supplémentaire de financement pour l'école publique doit aussi provenir du transfert des subventions accordées à l'école privée vers le secteur public. Un sondage CROP effectué en août dernier révèle que 67% des Québécois y seraient favorables. Une éducation universelle doit nécessairement passer par le réseau d'écoles publiques.

L'école privée constitue un choix pour les parents qui n'est pas remis en question. Par contre, ce choix a un prix et il convient que l'école privée accepte les règles du secteur privé, c'est-à-dire le prix courant sans intervention de l'État, comme c'est le cas en Ontario et aux États-Unis.

Avec des subventions à la hauteur de 60%, sans compter les crédits d'impôt, l'école privée est en voie de devenir une école publique payante et n'a de privé que le nom. Cette iniquité est incompatible avec le système scolaire gratuit et universel que s'est donné le Québec et qui est un principe fondateur de notre système d'éducation.

Le secteur public doit cependant tirer des leçons du succès que l'école privée a connu ces dernières années: l'argent y est investi et géré plus efficacement, le ratio gestionnaires/enseignants/élèves est plus équilibré, chaque établissement possède une autonomie qui facilite l'adaptation de l'école à son milieu et enfin, la promotion du sentiment d'appartenance à l'école est importante pour le personnel, pour les étudiants et pour la communauté.

Nous sommes devant un choix décisif. Soit nous poursuivons sur la route de la privatisation de l'enseignement et nous privilégions une éducation à deux vitesses au prix d'une fracture sociale. Soit nous optons pour la solution qui fera en sorte que tous (riches, pauvres et endettés) puissent s'assurer que l'école publique québécoise soit l'unique clef de la réussite collective et aussi le seul moyen par lequel chaque individu s'affranchit de l'ignorance.