Un regard perplexe, un long silence au bout du fil... voilà ce qui se passe quand je me mets à parler de l'impact potentiel de la pandémie sur les organismes de bienfaisance et les OSBL.

Si je traitais des hôpitaux ou des entreprises, je pourrais me joindre à un débat public et utile sur la manière dont nous sommes préparés pour une épidémie. Mais on oublie de parler du rôle des organismes de bienfaisance et des OSBL.

 

La question est de savoir si ces organismes sont suffisamment préparés pour pouvoir répondre à l'appel et continuer de fournir les services à la population dans l'éventualité d'une éclosion du virus A (H1N1).

Quantité de personnes vulnérables comptent sur le travail de ces organismes. Mais plusieurs d'entre eux ne peuvent souvent compter que sur un personnel restreint et souvent que sur des bénévoles dévoués. Si le virus devait toucher durement le Canada - à ce stade nous ne savons pas quel sera son impact - serons-nous en mesure de maintenir les services nécessaires auxquels nous nous attendons si les organismes perdent jusqu'à un tiers ou plus de leur personnel et de leurs bénévoles pour cause de maladie ?

Si les banques alimentaires ferment leurs portes, comment feront les familles dans le besoin pour nourrir leurs enfants ? Que ferons-nous si les repas ne sont plus préparés et livrés aux personnes âgées qui ne peuvent sortir et qui n'ont pas de parents ou d'amis proches pour les aider ? Qu'en sera-t-il des patients ayant besoin de dialyse qui se trouveront dans l'impossibilité de se rendre à l'hôpital parce qu'il n'y a pas de bénévoles pour les y conduire ? Et que faire si les refuges pour les itinérants ferment leurs portes cet hiver ?

Chez Imagine Canada, qui regroupe plus d'un millier d'organismes, nous faisons tout en notre possible pour sensibiliser le milieu à ces questions en fournissant des ressources et des informations et en organisant des séminaires en ligne. Et d'autres organismes font de même. Mais ce n'est pas suffisant. Nos efforts ne pourront jamais atteindre l'ensemble des organismes.

Le Canada possède l'un des plus importants secteurs de bienfaisance et d'OSBL au monde. Mais le secteur est souvent sous-estimé. Pourtant, ces organismes offrent des services essentiels souvent de concert avec le gouvernement. En plus, ils contribuent grandement à notre qualité de vie grâce à leur implication dans les domaines des sports et du loisir, des arts et de la culture, de la santé, de l'éducation, de l'environnement et de la philanthropie. Et n'oublions pas leur rôle dans les pays en voie de développement.

Ils forment le troisième pilier de la notre société aux côtés des gouvernements et des entreprises.

Ces organismes font partie d'un système complexe de soutien qui fait en sorte que notre société fonctionne, en dépit de nos nombreux problèmes sociaux. Sans eux, nos défis seraient difficiles à surmonter et notre qualité de vie serait profondément diminuée.

Ils contribuent aussi de manière significative à notre économie : plus de 87 milliards de dollars annuellement, une contribution de près de 7 % de notre PIB. Plus de 1,5 million de Canadiens y travaillent et il mobilise 12,5 millions de bénévoles chaque année.

Dans l'éventualité d'une éclosion du virus, on voudra s'assurer que les activités se poursuivent. Les grandes entreprises mettent en place leurs plans et récemment l'Agence canadienne de santé publique a débloqué des fonds pour aider les PME à se préparer. Et c'est bien logique. Notre économie doit continuer de fonctionner.

Ces organismes font aussi partie de l'économie et en plus ils prodiguent des services essentiels. Dans l'éventualité d'une éclosion, un grand nombre d'organismes du secteur se retrouveront sur la ligne de front à un moment ou leurs ressources sont déjà diminuées par la récession. Seront-ils prêts à faire face à cette nouvelle réalité ?