Pomerleau est la plus grande entreprise en construction au Québec. Nous pouvons donc affirmer être des observateurs privilégiés du processus de développement de projets dans de nombreuses juridictions et comprendre les différents mécanismes d'approbation de projet.

La ville de Montréal a l'occasion d'être pressentie pour devenir le site d'un projet qui a le mérite de redonner vie à l'ancienne école de philosophie Marianopolis. Ce superbe lieu, jadis au coeur de la vie de milliers d'étudiants, risque de subir l'usure du temps si rien n'est fait pour le préserver et le revitaliser.

 

Il est clair que nous ne pouvons rester les bras croisés et regarder ce site dépérir. C'est un sort qu'il ne mérite pas. Il est clair qu'à force de tergiversations et d'inquiétudes, nous risquons, collectivement, de laisser passer la chance de faire de ce site un milieu de vie unique où il sera possible de vivre tout en respectant le plan de protection et de mise en valeur du mont Royal.

Voilà pourquoi il me paraît important de poser un jugement critique, mais juste, sur le projet proposé par Développement Cato:

- un projet auquel il faut d'emblée reconnaître une volonté de s'inscrire dans les préoccupations du milieu;

- un projet qui reste menacé, malgré toutes ses qualités et son évolution constante, par les préjugés et les opinions préconçues.

L'immobilisme en matière urbaine, tout comme pour les individus, ne mène nulle part. L'essence même de la vie est d'avancer, de progresser, d'innover, d'agir et, par définition cela dérange, cela suppose des adaptations, des remises en question, du courage et de la détermination.

Réaliser un projet résidentiel à flanc de montagne ne peut se faire sans déranger, mais ne pas le faire c'est refuser de voir la vérité en face, d'utiliser des espaces stratégiques pour progresser.

Toutes les grandes villes conscientes de leur avenir, soucieuses de protéger leur place sur l'échiquier mondial innovent, construisent, réaménagent... Elles bougent.

C'est aussi ce que nous devons faire. Montréal, à l'heure actuelle, semblevouloir s'immobiliser, être envahie par la peur d'aller de l'avant et de tourner le dos à la vision que nos élus voulaient lui donner. La métropole du Québec tremble devant un petit nombre de groupes de pression plus enclins à désinformer qu'à proposer un projet harmonieux et constructif.

Allons-nous refuser, une fois de plus, un autre projet emballant et porteur d'avenir qui a le mérite d'avoir reçu l'indéfectible appui des prêtres de Saint-Sulpice, acteurs privilégiés et respectés de l'histoire de Montréal?

L'économie et l'impact financier du projet de Développement Cato, un investissement privé de 300 millions de dollars, constituent à eux seuls une raison de ne pas laisser filer cette occasion pour Montréal. Peu d'entreprises se sont intéressées à investir une somme aussi importante à Montréal.

Certes, nous entendons parler du Quartier des spectacles, de la rue Notre-Dame, de la transformation d'une partie de l'autoroute Bonaventure et de la démolition de l'échangeur Turcot. Mais il s'agit là de projets financés par nos impôts et certains ne sont pas prêts de démarrer.

À Montréal, il existe un palmarès peu enviable de projets qui sont morts-nés parce que l'arbre a souvent caché la forêt aux opposants de tout acabit. Cela donne à réfléchir.

Les opposants aux grands projets à Montréal font rimer préservation avec immobilisme.

Montréal ne doit pas ajouter ce projet à la longue liste des victimes de l'immobilisme. Il faut aller de l'avant. D'abord pour préserver l'ancienne école de philosophie, mais aussi pour montrer que Montréal sait évoluer, sait se développer et, surtout, sait préserver.

Pierre Pomerleau

L'auteur est président-directeur général de Pomerleau inc.