Je suis d'accord avec M. Tremblay: dans la publicité à la télévision, on véhicule trop facilement l'image d'un homme québécois faible et loser. Mais pourquoi en est-il ainsi? Que s'est-il passé dans la société québécoise durant les 40 dernières années pour que l'on en soit arrivé à ce triste constat?

Qui sont ceux qui créent ces publicités? J'imagine que ce sont des jeunes hommes et femmes, dans la vingtaine ou début de la trentaine qui font tout le travail créatif. Alors, si tel est le cas, cela signifie que le jeune homme québécois est d'accord avec cette image. Pourquoi?

 

Selon moi, l'homme québécois a grandi dans un milieu où il était peu représenté (voire presque absent). D'une part, à l'école où dès le cycle primaire, le garçon est plongé dans un environnement presque exclusivement féminin. D'autre part, à la maison, où on trouve un nombre élevé de familles monoparentales, généralement dirigées par des femmes, qui ont donc élevé les enfants (avant les années 90).

Ensuite, il y a la question de l'émancipation de la femme. Nous connaissons tous les progrès et l'évolution de la condition féminine au Québec depuis la Révolution tranquille. À travers cela, il y a eu aussi nos projets de société: faire du Québec une société ouverte, égalitaire, et respectueuse.

Bref, l'homme québécois ne veut pas passer pour un macho ou un misogyne. Il désire se montrer comme un homme ouvert qui ne perpétue pas les anciens stéréotypes de l'homme pourvoyeur qui ne fait rien à la maison. D'accord. Mais le problème avec tout cela, c'est qu'il n'a pas encore pris sa place, il la cherche (la trouvera-t-il jamais?). Il marche sur des oeufs, que ce soit à la maison ou au travail, car il ne veut pas déplaire.

En attendant, on le voit comme étant un «mausus de bon gars» que rien ne choque, même pas quand sa conjointe le traite comme un enfant, comme un stupide ou comme un animal de compagnie (je pense à la publicité de nourriture pour chats où l'homme est le chat de sa maîtresse).

Oui, c'est vrai, l'homme québécois est un «homme-toutou», un homme tout doux. Il y a rien de mal là-dedans, quoique à force de se percevoir comme un «cave» dans la publicité, il va finir par le croire... si ce n'est déjà fait!

L'auteur réside à Montréal. Il réagit au texte de Marc Tremblay, «Le mâle québécois, un loser?», publié dans les pages Forum de samedi dernier.