Mon ami et ex-leader parlementaire de l'opposition officielle, Sébastien Proulx, y est allé un peu fort en prétendant que l'ADQ n'est pas un parti de droite, comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse. L'actuelle course à la direction du parti permet certes un important débat d'idées, mais elle ne peut servir de prétexte pour faire dériver le bateau adéquiste vers de dangereux récifs d'incohérence.

Déjà qu'il a fallu près d'une décennie à notre parti pour définir notre positionnement constitutionnel. Pendant 10 ans, les adéquistes se faisaient demander s'ils étaient souverainistes ou fédéralistes. Question à laquelle on ne pouvait que répondre ni l'un, ni l'autre. Maintenant, nous sommes autonomistes et avons clairement défini ce que ça implique en termes de pouvoir et de rapport de force. Cela nous a permis d'ouvrir d'autres débats beaucoup plus urgents et importants pour le Québec.

 

On ne va quand même pas commencer aujourd'hui à répondre à la question: «Êtes-vous de droite ou de gauche» par un ni un, ni l'autre. Il n'y a pas de honte à être de droite et, en tant qu'adéquiste, on a le devoir de s'accepter. Un parti qui souhaite réduire la taille de l'État, mettre fin au monopole public du système de santé, réduire la dette, valoriser les libertés individuelles, donner plus de liberté de choix aux familles, s'attaquer plus vigoureusement aux criminels et remettre les assistés sociaux au travail est par définition un parti de droite.

On peut utiliser un slogan de droite humaniste ou de droite de compassion, mais on ne peut remettre en cause la raison d'être de notre parti. Des partis politiques qui ne sont ni de droite, ni de gauche et qui sont uniquement focalisés sur la question constitutionnelle, on en a déjà deux vieux au Québec.

La pertinence de l'ADQ, c'est justement qu'il y a un Éric Caire pour affirmer vouloir s'inspirer du film L'illusion tranquille. Un Gilles Taillon pour se présenter comme le candidat de l'économie qui veut relancer «notre parti sur la base de nos valeurs de centre-droit». Un Christian Lévesque obsédé par un «État plus efficace et moins coûteux». Un Gérard Deltell pour dire à la CSN que des hausses salariales de 11,5%, dans le contexte actuel, n'ont pas de bon sens. Une Sylvie Roy pour défendre quotidiennement les victimes d'actes criminels à l'Assemblée nationale. Une Marie Grégoire pour parler de l'importance de l'équité entre les générations. Et même un Jean-François Plante pour dire merde à la rectitude politique.

Le combat de l'ADQ depuis plus de 15 ans consiste à dépolariser le Québec sur l'axe constitutionnel souverainiste-fédéraliste pour ramener le débat vers un axe gauche-droite, comme dans pratiquement toutes les autres démocraties du monde.

N'en déplaise à mon ami Sébastien, il ne s'agit pas ici d'une question de dogme, mais simplement de cohérence. À nous tous adéquistes d'assumer que nos idées sont de droite et de redonner à cette droite québécoise les titres de noblesse qu'elle mérite.

Éric Duhaime

L'auteur est consultant en développement démocratique et ex-conseiller politique de Mario Dumont de 2003 à 2008. Il réagit à l'opinion de Sébastien Proulx publiée dans le numéro de mardi dernier.