Un scénario parmi d'autres... Nous sommes en 2012, un an après la prise de pouvoir du Parti québécois. La première ministre Pauline Marois a demandé aux citoyens, par référendum, s'ils veulent le transfert au Québec de tous les pouvoirs sur la culture.

La proposition a recueilli une majorité de 72% et la question était claire, ce qui répondait parfaitement aux exigences de la Cour suprême. Le gouvernement fédéral est sur les charbons ardents. Osera-t-il défier la volonté clairement exprimée des Québécois? S'il cède, il s'engage dans un processus qui mène à l'émasculation totale du pouvoir fédéral au Québec. S'il résiste, il provoquera la crise dont rêvent les indépendantistes. Mme Marois attend, prête à tenir un référendum qui portera, cette fois, sur la souveraineté pleine et entière...

Un autre scénario. Celui-là s'amorce en 2011, alors que Mme Marois menace de tenir une série de référendums sectoriels sur la culture, le fisc, l'application de la loi 101 aux entreprises fédérales, les pleins pouvoirs sur la recherche et la santé et sur les Plaines d'Abraham, alouette. «Nous revenons aux années 70», lance-t-elle jovialement.

Quelques vieux baby-boomers agitent leurs marchettes et envoient leurs orthèses en l'air pour célébrer ce merveilleux retour à leur jeunesse. Les jeunes demandent c'était quoi les années 70: une époque pré-Twitter, aussi bien dire l'ère glaciaire...

Sur ces entrefaites, voilà que les Québécois tombent malades les uns après les autres, victimes d'une étrange épidémie, dont le principal symptôme est une indigestion aiguë à la seule audition de tout mot commençant par «réfé». La plus violente réaction allergique se produit quand se pointent à la télévision un constitutionnaliste ou un stratège politique, de quelque parti que ce soit.

L'Organisation mondiale de la santé, appelée à la rescousse, conclut que loin d'être d'origine animale, cette terrible grippe provient d'une intolérance à toute forme de discours constitutionnel, intolérance qui se serait graduellement développée durant les décennies précédentes. Seuls les enfants d'âge préscolaire, qui n'ont jamais entendu parler de la question nationale, échappent à la grippe.

N'importe. Le gouvernement Marois s'entête à piloter son projet de référendums sectoriels. Comme on ne peut pas congédier le gouvernement, et que les Québécois sont de nature pacifique (ce ne sont pas eux qui auraient décapité Louis XVI), ils se disent: «pu'capab, aussi bien s'en aller.»

Suit un grand mouvement d'exode. Des leaders naturels, au sein de la population civile, prennent contact avec Guy Laliberté qui, après son périple dans la navette spatiale, a ouvert un centre d'entraînement du Cirque du Soleil sur la planète Mars et règne en maître sur de très grands espaces. Y a-t-il de la place pour sept millions de Terriens? Pas de problème, dit Laliberté, amenez-vous, entre deux cirques, le mien est plus amusant!

Village après village, ville après ville, les Québécois s'embarquent pour Mars, en emportant ce qu'il faudra pour y recréer le Québec: des pousses d'érable pour le sirop, des vaches laitières pour la poutine, des semences de bleuets du Lac St-Jean, des motoneiges, des Bixis, un exemplaire du Code civil, la Charte de la langue française, des antennes paraboliques pour suivre TLMP au cas où Radio-Canada continuerait à diffuser, un CD de Céline, les recettes d'Unibroue, des chandails du Canadien et un poster de René Lévesque.

Rendus sur Mars, les Québécois sont en train de déballer leurs affaires, quand un loustic s'écrie: «Cou'donc la gang, réalisez-vous qu'on est devenus souverains sans même avoir été obligés de se séparer du Canada?». Applaudissements. Puis, un autre de lancer, à l'assentiment général: «Mais quand même, j'espère que vous avez tous emporté vos passeports canadiens, on ne sait jamais...».