L'auteur est professeur adjoint au service de l'enseignement des affaires internationales aux HEC Montréal, CIRANO et LICOS. La violente répression du mouvement étudiant prodémocratie qui s'est manifestée sur la place Tiananmen il y a 20 ans compte parmi les événements dont on a le plus parlé dans l'histoire récente de la Chine. Dans ces discussions, toutefois, on oublie souvent à quel point les protestations de la place Tian'anmen étaient étroitement liées aux performances macroéconomiques de la Chine.

L'auteur est professeur adjoint au service de l'enseignement des affaires internationales aux HEC Montréal, CIRANO et LICOS. La violente répression du mouvement étudiant prodémocratie qui s'est manifestée sur la place Tiananmen il y a 20 ans compte parmi les événements dont on a le plus parlé dans l'histoire récente de la Chine. Dans ces discussions, toutefois, on oublie souvent à quel point les protestations de la place Tian'anmen étaient étroitement liées aux performances macroéconomiques de la Chine.

À la fin des années 80, les piètres compétences du Parti communiste chinois (PCC) en matière d'économie ont engendré beaucoup de mécontentement au sein de la population urbaine. Les réformes économiques avaient provoqué une inflation galopante qui grugeait les véritables revenus urbains. Ajoutant l'insulte à l'injure, la perception se répandit que les officiels du parti s'enrichissaient grâce à la corruption. Dans ce contexte incendiaire du printemps de 1989, des masses de citadins désillusionnés se sont joints aux protestations politiques de la place Tian'anmen et les a alimentées.

 

Ce lien étroit entre la performance économique de la Chine et sa stabilité politique reflète la légitimité politique modifiée par le PCC après la mort de Mao Zedong en 1976. Puisque que l'idéologie communiste, autrefois toute puissante, perdait de son lustre, le PCC s'est réinventé

comme le gardien de la croissance économique et de la hausse du niveau de vie.

Il faut garder cela à l'esprit quand il est question de la présente crise économique. En raison des turbulences que subissent les marchés nordaméricains et européens, la demande pour les exportations de la Chine a subi une baisse considérable. Comparativement à l'année précédente, les exportations de la Chine pour le premier trimestre de 2009 ont diminué de 20,1%, passant de 304 milliards à 243 milliards de dollars US. Certains observateurs s'inquiètent de cet état de choses, puisque les exportations représentent 42% du produit intérieur brut (PIB) de la Chine, soit un pourcentage beaucoup plus élevé que celui qu'enregistrent d'autres économies d'envergure comme celles des États-Unis et du Japon (où les exportations représentent respectivement 12% et 18% du PIB). Plusieurs considèrent par conséquent la Chine particulièrement vulnérable au présent ralentissement économique.

Cette crainte, toutefois, est considérablement exagérée. La dépendance de la Chine envers l 'expor t ation est beaucoup moins importante que ne l'indique le rapport exportation/PIB, reconnu pour son manque de précision. La hausse substantielle des exportations de la Chine au cours des deux dernières décennies est principalement due au fait que plusieurs sociétés étrangères confient à

la sous-traitance chinoise une portion de leur chaîne de valeur l'assemblage final nécessitant beaucoup de main-d'oeuvre à des fins d'exportation.

Une récente étude réalisée par Koopman, Wang et Wei estime qu'environ la moitié de la valeur totale des exportations de la Chine représente des biens véritablement fabriqués en Chine, alors que l'autre moitié représente un contenu importé.

Quand on tient compte de cette faible proportion de contenu local dans les exportations de la Chine, on constate que la dépendance de la Chine envers l'exportation est beaucoup moindre que le suggère le rapport exportation/PIB et que l'économie chinoise demeure largement dissociée des cycles d'affaires des économies avancées.

Il est encore t rop tôt pour évaluer la véritable résilience de la Chine face à la crise économique mondiale, mais certains indicateurs laissent présumer que le PCC saura l'éviter. Pendant le premier trimestre de 2009, la croissance du PIB de la Chine s'est accélérée pour atteindre un taux annualisé de plus de 6%, en hausse d'environ 1% sur le trimestre précédent.

En outre, des grandes banques comme la Morgan Stanley, la Royal Bank of Scotland et la Barclays ont récemment révisé à la hausse leurs prévisions pour la croissance du PIB de la Chine en 2009, les faisant passer de 5% ou 6% à 7% ou 8%. Si ces prévisions s'avèrent justes, les dirigeants du PCC pousseront sans aucun doute un grand soupir de soulagement.

 

L'auteur est professeur adjoint au service de l'enseignement des affaires aux HEC Montréal, CIRANP et LICOS.