Avec la déroute de General Motors, c'est tout un pan de l'histoire américaine qui vient de s'écrouler.

Rappelons-nous simplement cette belle époque où il suffisait de suspendre une bannière Chevrolet chez un concessionnaire pour que l'affaire se transforme en une mine d'or. Combien d'hommes d'affaires plus ou moins doués sont devenus millionnaires à vendre les produits de General Motors? En ces temps bénis pour eux, les lettres GM brillaient de tous leurs feux et étaient synonymes de succès, de rentabilité, de prospérité et de respect. Ce qui était bon pour GM était bon pour l'Amérique.

Aujourd'hui et au cours des prochains mois, 3915 de ces ex-millionnaires de l'automobile (dont 310 au Canada) vont devoir décrocher leur bannière Chevrolet, Buick ou autre et mettre à la rue des dizaines d'employés qui avaient toujours cru que leur avenir était assuré et leur emploi sécurisé.

 

La question qu'il faut se poser a trait aux chances de succès de la restructuration de General Motors. Faillite ou pas, qu'adviendra-t-il d'un constructeur qui, hier encore, se battait contre Toyota pour rester le plus gros constructeur automobile du monde? Chose certaine, l'entreprise ne retrouvera jamais ses parts de marché d'antan, celles qui, en 1976, se situaient encore à 50%. Triste coïncidence, c'est aussi l'année où les choses ont commencés à mal tourner pour le numéro 1 de l'automobile.

Avec tous les correctifs mis en place au cours des derniers mois et le fameux plan de restructuration dont on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants, General Motors pourra-t-il continuer d'exister et retrouver un jour le chemin de la rentabilité? En ce qui a trait à sa survie, il serait très étonnant que l'entreprise meure de sa belle mort et qu'il n'en reste qu'un triste chapitre dans les livres d'histoire.

Car les problèmes majeurs ont été résolus, que ce soit les surcapacités de production, le taux horaire des travailleurs d'usines, la caisse de retraite des employés, le croisement des marques, la surabondance de concessionnaires et, bien sûr, l'équilibre du nombre total d'employés en regard des ventes. En éliminant les marques les moins productives (Pontiac, Saturn et Hummer), on évitera les coûts astronomiques engendrés par toute la paperasse qui entoure l'existence d'une raison sociale différente pour vendre le même produit.

Ce qui a miné General Motors, c'était sa taille gigantesque qui l'empêchait de prendre des décisions aussi rapidement que la concurrence. Les coupes à tous les stades auront permis de créer une compagnie capable de répondre aux besoins du marché dans des délais compétitifs. Et à corriger ses erreurs avec la même célérité.

Il ne faut pas perdre de vue que GM a des acquis, ne serait-ce par exemple que son succès dans un marché comme la Chine qui s'est découverte une affection particulière pour les produits Buick. Et que dire de Cadillac, anciennement le symbole absolu de la réussite, devenue une marque vieux jeu et qui a retrouvé sa superbe depuis quelques années? Bizarrement, dans toute cette saga du constructeur américain, il est rarement question de l'essence même d'une firme comme General Motors, c'est-à-dire le produit, les automobiles et les véhicules utilitaires. C'est en majeure partie à ce chapitre que se joue la survie de la compagnie. À part la Volt, il n'y a rien de révolutionnaire à l'horizon, mais la gamme de modèles devrait être solide avec l'arrivée prochaine de la Chevrolet Cruze déjà vendue en Europe et comparable à une Toyota Corolla. GM possède aussi un vaste assortiment de petits camions et d'utilitaires sport, un secteur qui représente en ce moment un fort pourcentage du marché.

Voilà autant de raisons d'espérer voir les nuages disparaître et le soleil poindre à l'horizon. La seule question épineuse qui reste en suspens porte sur la compétence de la nouvelle administration de cette compagnie dont les pronostics de survie sont encourageants, mais qui demeurera encore longtemps en convalescence.