Vendredi dernier, à votre demande, une entrevue vous était accordée en vue de votre chronique de ce samedi. Vous y laissez entendre que la montagne n'étant pas protégée par le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal, notre projet la menaçait. C'est votre conclusion. Mais au chapitre des faits, votre texte comporte des omissions importantes:

le projet de redéveloppement de l'ancien Séminaire de philosophie respecte rigoureusement le processus de planification concertée prévus dans le Plan de protection;

les bâtiments actuels occupent moins de 9% de la surface des quelques 65 000 m² du site. Une fois le projet terminé, les espaces bâtis représenteront 15% du site. Il demeure donc 85% d'espaces non bâtis ou 56 000 m²;

 

vous mentionnez la construction de 17 nouveaux édifices, bien que nous vous avons déjà précisé que la majorité sont des maisons unifamiliales. Les autres immeubles seront en partie construits aux mêmes endroits que les précédents. Quant au stationnement, il va évidemment maximiser les espaces verts. Notez que des centaines de nouveaux arbres matures seront plantés;

les accès à ce site privé, qui prennent fin en principe avec la vente du terrain, seront garantis par des servitudes légales, proposées par le nouveau propriétaire lui-même.

Nous vous rappelons qu'il y a trois ans, lorsque le locataire de l'ancien Séminaire, le collège Marianopolis, a annoncé qu'il quittait les lieux, les prêtres de Saint-Sulpice ont décidé de vendre le site. Pour mieux en connaître la valeur et déterminer son potentiel de développement, la Ville de Montréal et le ministère québécois de la Culture ont mandaté quatre firmes indépendantes pour réaliser des études. Celles-ci ont déterminé des zones constructibles, de part et d'autre de l'ancien Séminaire de philosophie, ainsi que des zones à protéger (boisé nord-ouest et escarpement sud). Le projet soumis respecte ces conclusions. Il est actuellement devant l'Office de consultation publique de Montréal.

Nous vous précisons à nouveau que le site a été d'abord offert à de nombreuses institutions publiques (hôpitaux, universités, etc.) sans trouver preneur. Il a donc été officiellement mis en vente. Treize promoteurs se sont montrés intéressés, mais aucun ne provenait du milieu institutionnel. La proposition de Cato Développement Inc. respectait les études menées selon les souhaits des Sulpiciens. Ils l'ont favorisé, au détriment d'une offre de 20 millions supérieure.

Le mois dernier, la Ville de Montréal a procédé à l'adoption finale du Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal et de la modification au document complémentaire du Plan d'urbanisme. Il prévoit que les propriétés institutionnelles qui n'ont pas encore fait l'objet d'une planification concertée le fassent dans le cadre du Pacte patrimonial du Mont-Royal. Nous avons respecté cette procédure. D'autres propriétés institutionnelles aussi: le collège Jean-de-Brébeuf, l'Hôpital général (CUSM) et le stade Percival-Molson.

Ce projet franchit actuellement les étapes règlementaires requises, il se conforme aux études indépendantes et il respecte le Plan de protection du Mont- Royal signés par des partenaires qui ont, eux aussi, très à coeur la montagne. Vous devez le faire savoir à vos lecteurs.

L'auteur est associé principal chez DAA architectes. Il réplique à une chronique de Michèle Ouimet publiée samedi dernier.

C'est toujours NON

Je ne «laissais pas entendre» que le projet de Marianopolis «menace» la montagne, comme vous le soulignez dans votre lettre. Je l'ai clairement écrit. Oui, il menace l'intégrité de la montagne. Vendredi, j'ai fait une entrevue non seulement avec vous, mais aussi avec les promoteurs du projet et le représentant juridique des sulpiciens, ex-propriétaires du site. Des entrevues difficiles, pénibles. Les nouveaux propriétaires niaient que leur projet de construction de condos dérogeait au plan d'urbanisme. Pourtant, c'est une évidence. Même réticence, ou presque, de votre part. J'avais l'impression de vous arracher une dent à chaque fois que je prononçais le mot dérogation. Alors, je persiste et signe: il faut dire non à Marianopolis.

Michèle Ouimet