La Fédération des femmes du Québec (FFQ) a fait son choix. Elle a choisi de défendre les femmes musulmanes qui portent le voile. Elle aurait pu choisir de défendre celles qui refusent de le porter. Le choix n'est pas anodin.

J'ai enseigné le français de nombreuses années à des femmes musulmanes nouvellement arrivées au Québec. La plupart d'entre elles refusent de porter le voile et se réjouissent de la grande libération dans l'égalité que leur offre notre société. Une minorité continue à se voiler, le plus souvent sous la pression du mari ou de la communauté islamique locale, très présente. Bien sûr, certaines femmes sont des religieuses militantes, voilées par choix, mais c'est l'infime minorité.

 

Qui d'entre ces femmes a besoin d'aide? À mon avis, ce sont celles qui cherchent à s'émanciper; notre société les laisse tomber si elle accepte le voile, renvoyant ces femmes à une guerre personnelle contre leur communauté. Si la FFQ décide d'aider les militantes voilées, c'est que, malheureusement, elle fait le choix de défendre les droits religieux, qu'elle déguise sous le nom de «droit au travail».

Parlons-en des droits au travail: j'ai travaillé pendant 16 ans pour le ministère de l'Immigration et des communautés culturelles (MICC) et j'ai été témoin durant ma carrière de pressions d'organismes musulmans recevant les services du MICC, pour que les professeurs féminins portent la jupe longue, que les immigrants masculins aient le droit de choisir des professeurs de leur sexe. Tout cela a heureusement été écarté par les autorités ministérielles, mais les pressions actuelles remettent la question sur le tapis. Le risque sera dans l'avenir que les femmes non-musulmanes écopent.

Les femmes musulmanes ne peuvent pas travailler voilées. Croyez-vous que les professeurs travaillant pour le MICC peuvent aller travailler en affichant des symboles religieux catholiques, ou autres? Non. Et des symboles athées? Non. Peuvent-ils ou peuvent-elles se montrer presque nus si cela leur chante? Oh, que non. Il y a un code vestimentaire établi, et pas toujours tacite. Pourquoi les musulmanes seraient-elles à l'écart de ce code? La Fédération des femmes veut-elle en réalité réhabiliter la religion dans les écoles en faisant la promotion de l'affichage de symboles religieux? C'est bien ce qui risque de se produire.

On dit, pour dénigrer les opposants au voile, qu'ils cherchent à imposer leurs valeurs occidentales à des femmes d'autres cultures. Mais les valeurs d'égalité et de justice sont universelles. Dans tous les pays musulmans, des femmes se battent contre le port du voile. Dans tous les pays du monde, des gens se battent contre l'obscurantisme. Les valeurs québécoises ne sont pas réactionnaires du simple fait qu'elles sont québécoises. Autrefois, nous étions à genoux devant les valeurs étrangères, mais c'est fini, le colonialisme des idées. Nous ne nous laisserons pas leurrer.

L'auteure habite à Montréal.