Récemment, La Presse titrait: «Les retraités de Boisbriand demandent l'aide de Québec», dans le cadre de la faillite appréhendée de GM. Face à un déficit de plus de 1,3 milliard, les retraités d'Abitibi-Bowater feront de telles demandes si la compagnie fait faillite... et tous les autres retraités qui verront leurs rentes réduites aussi.

Le gouvernement du Québec doit refuser de les aider.

Les régimes de retraite à prestations déterminées garantissent les rentes promises contrairement aux REER, dont les participants assument tous les risques. La garantie est donnée par la caisse de retraite et la solvabilité de l'employeur. Un problème survient quand l'entreprise fait faillite et qu'il manque d'argent dans la caisse... la loi prévoit que l'on doit réduire les prestations promises incluant celles des retraités.

 

Au Québec, à peine 40% des travailleurs ont la chance de participer à de tels régimes de retraite, et ils sont principalement dans le secteur public et parapublic.

Le régime de retraite fort généreux de GM Canada est un des éléments qui a rendu l'usine GM de Boisbriand non compétitive.

Les régimes de retraite des papetières sont aussi parmi les plus généreux et les parties négociantes n'ont pas arrêté d'augmenter les prestations de ces régimes lors du renouvellement des conventions collectives en sachant fort bien que les régimes de retraite n'étaient pas dans une bonne situation financière. On reportait le problème à plus tard, on étalait le paiement du déficit au maximum...

Faire payer les déficits de ces régimes par les contribuables, qui dans la grande majorité n'ont pas la protection d'un régime de retraite à prestations déterminées et qui ont subi des pertes importantes dans leur REER est totalement inéquitable.

Faire payer les employeurs qui ont un régime de retraite à prestations déterminées? On appelle cela un fonds de garantie et cela existe en Ontario et aux États-Unis. C'est une catastrophe financière, les fonds de garantie ont des déficits importants et en bout de piste, c'est l'ensemble des contribuables qui doivent combler les déficits des fonds de garantie. C'est inéquitable et inacceptable socialement.

Il serait injuste de protéger les retraités déjà privilégiés d'avoir un régime à prestations déterminées et de ne rien faire pour ceux qui ont un REER collectif et qui ont eux aussi subi les conséquences de la crise financière. Que dira-t-on à ceux qui perdent leur emploi et qui n'ont pas de régimes de retraite si on aide seulement les retraités des régimes à prestations déterminées?

Comprenons-nous bien, je trouve dramatique que les rentes des retraités soient réduites en cas de faillite de l'employeur qui parraine le régime. Mais ce n'est pas au gouvernement du Québec, et par ricochet l'ensemble des contribuables, de garantir le paiement des rentes des retraités des régimes à prestations déterminées.

On devrait mieux protéger les prestations des régimes de retraite, non seulement celles des retraités, mais aussi celles de tous les autres participants non retraités.

Le projet de loi 30 adopté par Québec et qui entrera en vigueur le 1er janvier 2010 apporte des améliorations à la sécurité des prestations en exigeant la création d'une réserve de contingences qui diminuera les probabilités qu'un régime se termine en position déficitaire. Mais entendons-nous bien, ce n'est pas une garantie que les prestations seront toujours payées à 100%. Avant de créer cette réserve de contingences, il faut tout d'abord combler les déficits actuels.

Pierre Girardin

L'auteur est président de Girardin - Actuariat et Communi-cation inc.