En affirmant que le Québec devra cesser d'administrer sa taxe de vente pour obtenir une compensation à la suite de l'harmonisation, le ministre Flaherty fait fi de la nation québécoise et de ses façons de faire, en plus de perpétuer une injustice.

M. Harper, il est temps de remettre votre ministre des Finances à sa place et de lui ordonner de négocier de bonne foi et en toute justice une entente avec le Québec.

 

Dans les années 90, alors que le Bloc réclamait une compensation pour le Québec similaire à celle qu'avaient reçue certaines provinces, le gouvernement libéral refusait sous prétexte que le Québec ne perdait pas de revenus. Or, votre gouvernement s'apprête à verser une telle compensation à l'Ontario, alors que de son propre aveu, elle ne subira aucune perte de revenu, au contraire!

Pour se sortir de ce pétrin, Jim Flaherty a sorti un nouvel argument de son chapeau, affirmant que le Québec n'avait pas totalement harmonisé sa taxe de vente. Le gouvernement du Québec a aussitôt accepté de procéder aux ajustements mineurs, ce qui fera en sorte que l'harmonisation québécoise sera en tous points semblables à celle de l'Ontario.  

Maintenant, votre ministre réclame en plus que le Québec cesse d'administrer les taxes de vente, un système qui fonctionne pourtant parfaitement bien. Comme on dit dans votre langue maternelle: If it ain't broke, don't fix it! Vous savez parfaitement que le Québec ne renoncera jamais à administrer lui-même son régime fiscal et l'exiger, c'est faire preuve d'une mauvaise foi qui déshonore votre ministre et qui renie toutes vos belles promesses d'ouverture envers le Québec.

L'Assemblée nationale est unanime: le gouvernement fédéral doit une somme de 2,6 milliards de dollars au Québec pour l'harmonisation des taxes québécoise et fédérale. Il n'y a plus aucun argument crédible qui vous permette de perpétuer cette injustice. Les prétextes et la mauvaise foi ont assez duré.

Si vous deviez persister, il faudra conclure que votre gouvernement a définitivement tourné le dos au Québec à des fins bassement partisanes en Ontario.

<i>L'auteur est chef du Bloc québécois. Il écrit une lettre au premier ministre Stephen Harper, en réponse à celle du ministre fédéral des Finances Jim Flaherty, publiée dans nos pages le 15 avril.</i>