Nicolas Sarkozy ne rigole pas. Le sommet du G20 ne s'aligne pas pour accoucher d'actions tangibles pour dénouer la crise mondiale. Or le président français menace de claquer la porte si «ça n'avance pas» à son goût. Il a bien raison de brasser la cage des autres grands chefs d'État.

Les attentes sont immenses. Pour la première fois en 60 ans, le commerce international va chuter sur la planète en 2009, d'après la Banque mondiale. Les exportations ont déjà reculé de 32% en un an. Le portrait se dégrade de semaine en semaine, le chômage explose. Les gouvernements cherchent la combinaison gagnante qui empêchera la récession de tourner en dépression.

 

Les pièges au rendez-vous du G20 sont multiples. D'abord, dégager un consensus à 20 dans une organisation à l'équilibre mouvant relève carrément de la haute voltige, particulièrement à un moment aussi critique. Les nations industrialisées, qui tiraient seules les ficelles, doivent désormais apprendre à partager les leviers du pouvoir avec la Chine et les autres grands pays émergents.

Autre écueil majeur: un fossé important sépare les États-Unis et l'Europe sur les moyens à prendre pour relancer l'économie. Contrairement aux Américains, l'Union européenne refuse d'injecter massivement des fonds publics supplémentaires.

L'ampleur de la nouvelle architecture de supervision des marchés financiers ne fait pas l'unanimité non plus. Les Européens penchent pour la mise sur pied d'un organisme supranational de surveillance des banques, ce à quoi les Américains s'opposent avec véhémence.

Il y a quand même une solution qui reçoit l'assentiment vigoureux de tous les membres: l'aide aux pays en voie de développement. Les ministres des Finances ont augmenté à plus de 500 milliards l'enveloppe qui sera mise à la disposition du Fonds monétaire international pour venir au secours de ces économies les plus éprouvées par la dégringolade du commerce mondial. Cette contribution est un ingrédient incontournable pour revitaliser le marché de l'emploi et dégeler l'accès au crédit sur tous les continents.

Et c'est justement par la porte du FMI que la Chine entend faire son entrée dans le cénacle des poids lourds du G20. Elle compte bien y jouer un rôle de premier plan, jusqu'à maintenant réservé aux pays développés.

D'une seule voix, le G20 renouvellera son opposition au protectionnisme qu'il avait déjà condamné à son sommet de novembre dernier. Promesse d'ivrogne: la Banque mondiale a dénombré pas moins de 47 mesures contraires au libre-échange qui ont été adoptées par 17 des 20 pays membres en quatre mois à peine.

Des voeux pieux ne suffiront pas: si l'économie poursuit sa descente aux enfers, les États accentueront leur tendance à protéger leurs emplois en élevant des barrières pour restreindre la compétition étrangère. Un réflexe destructeur qui nuira inévitablement à la reprise.

Alors que tous les yeux sont tournés vers Londres, le sommet doit envoyer un signal fort et non équivoque pour restaurer la confiance des consommateurs et des investisseurs. Les informations qui ont filtré des discussions préparatoires ne nous permettent pas de déborder d'optimisme. À Barack Obama, Angela Merkel, Hu Jintao et consorts de nous sortir un lapin du chapeau.

jbeaupre@lapresse.ca