L'ADQ a subi une douloureuse défaite aux dernières élections. Est-ce la fin? Ce n'est jamais la fin de tout dans la vie, mais toujours le commencement ou la suite d'autre chose. Car si les partis et les hommes passent, les idées, elles, demeurent. Et l'ADQ, depuis sa fondation, a toujours été un parti d'idées. Des idées souvent «empruntées», d'ailleurs, par les autres partis!

Au moins une fois par année depuis sa fondation, beaucoup de personnes ont prédit la disparition de l'Action démocratique. Pourtant, ceux qui sont familiers avec l'histoire savent que tous les partis sont comme des montagnes russes et vivent des situations semblables.

 

L'Action démocratique est nécessaire au Québec. En plus de générer des idées en phase avec son époque, elle offre un choix démocratique et différent aux Québécois. L'alternance au pouvoir de deux partis traditionnels constitue, à mon avis, une situation malsaine. L'ADQ doit donc poursuivre sa course.

Mario Dumont a beaucoup donné depuis 1994. Nous devons maintenant nous renouveler. Mais pour savoir où l'on veut aller, il faut savoir d'où l'on vient.

Le rapport du Comité constitutionnel du Parti libéral du Québec (le rapport Allaire) est adopté à une majorité écrasante au congrès de mars 1992. L'année suivante, le même rapport est rejeté par le même parti qui accepte simultanément la controversée entente de Charlottetown. C'est alors que plusieurs membres du parti quittent le congrès, décontenancés par ce brusque changement de cap effectué en si peu de temps.

Pour la campagne référendaire de Charlottetown, un groupe de libéraux dissidents, dont moi-même et Mario Dumont, mettent sur pied le Comité des libéraux pour le Non, à l'encontre évidemment de la volonté du PLQ.

Le Non l'emporte au Québec ainsi que dans une majorité des provinces. À la suite de ces événements, les esprits s'échauffent. En novembre 1993, Mario Dumont, moi-même et quelques autres quittons le Parti libéral du Québec, devenant, en quelque sorte, des orphelins politiques. Nous sentons que le Québec tourne à vide, ce qui n'a aucun sens dans notre esprit. Ensemble, nous convenons de mettre sur pied Groupe Réflexion Québec, qui ne propose rien de moins qu'une réforme de notre société. Mais il n'est pas question, à ce moment-là, de fonder un parti politique.

En tout, Réflexion Québec réunit 32 personnes, dont cinq de l'ancienne Commission jeunesse du PLQ, désignées par Mario Dumont. Des universitaires, philosophes, économistes et dirigeants d'entreprises en font aussi partie. Deux conditions sont exigées: savoir réfléchir et ne pas occuper un poste dans un parti politique.

Une tournée du Québec est organisée à la suite de l'impression de 60 000 exemplaires du rapport, en octobre 1993. Ses sept grands chapitres prennent la forme d'un projet de société: démocratie, gestion publique, économie, éducation, santé, identité québécoise et avenir du Québec.

Le 12 décembre 1993, à Trois-Rivières, des sympathisants seniors, avec des plus jeunes qui se sont regroupés sous le nom de Forum Action Jeunesse, décident de former un parti politique et m'élisent chef provisoire. Le 18 janvier 1994, je dépose le nom suivant auprès du Directeur général des élections du Québec: Parti Action démocratique du Québec. Au congrès de fondation de l'ADQ, deux mois plus tard, les congressistes m'élisent chef du parti et adoptent une série de résolutions largement inspirées du rapport du Groupe Réflexion Québec.

Quelques semaines après, je dois malheureusement me retirer à cause de sérieux problèmes de santé et Mario Dumont me remplace comme chef du parti. Il sera, pendant 15 ans, la figure de proue de l'ADQ.

Sans l'existence du Groupe Réflexion Québec, ses travaux et ses idées, l'ADQ n'aurait sûrement pas vu le jour. Il faut maintenant revenir aux sources et aller plus loin pour l'avenir du Québec.

L'auteur, avocat, est le chef fondateur de l'Action démocratique du Québec.