Votre amour a-t-il connu une croissance au cours des deux derniers trimestres? Non? Alors, il est peut-être en récession. Ne dites pas, par euphémisme, qu'il est en récession technique. Affrontez la réalité et adoptez des mesures actives. La Saint-Valentin peut être pour vous l'occasion de déposer un vigoureux plan de relance. Surtout si vous observez une baisse du taux d'intérêt dans votre relation.

Il faut d'abord revoir votre stratégie d'investissement. Il n'est évidemment pas sage de mettre tous ses oeufs dans le même panier. Diversifiez vos placements affectifs. Mesdames, ayez des amitiés masculines avec lesquelles vous aurez des échanges en profondeur, mais de nature non sexuelle. Dites à votre conjoint que vos amitiés masculines ne menacent pas votre amour, mais le renforcent. C'est une grave erreur de penser qu'une seule personne peut combler tous nos besoins complexes de partage. Messieurs, faites de même. Expliquez à votre conjointe que vos amitiés féminines ne remettent pas en question votre amour pour elle.

 

On dit que l'argent fait des petits. Lorsque la chose est possible, laissez votre amour faire des enfants, cela renforce le lien et donne du sens supplémentaire. L'amour se multiplie.

Jean-Pierre Ferland le disait clairement: «L'amour, c'est de l'ouvrage.» Cela se travaille, s'entretient, un peu d'eau tous les jours, du soleil mais pas trop. La récession est un facteur de chômage: il faut donc vous activer pour que votre amour reprenne de la croissance.

L'économie a ses lois, entre autres celle de la rareté. Albert Camus aimait défier cette loi: «Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup?» (Le Mythe de Sisyphe)

En fait, le grand élément de parallèle entre l'amour et l'économie, c'est leur caractère commun d'incertitude. L'économie est la science sociale la plus floue et la plus nébuleuse. L'amour est la chose la moins sûre, la moins acquise.

Oscar Wilde disait: «C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume.» (Le Portrait de Dorian Gray) Il ajoutait, dans ses Aphorismes: «L'incertitude est l'essence même de l'aventure amoureuse.»

Songez à ce petit rire si particulier de la femme au moment de certaines caresses de l'amour, lorsque l'homme se demande s'il fait bien ou mal les choses, lorsqu'il s'interroge à savoir si elle rit de lui, ou si au contraire c'est parce qu'il est délicatement habile et soudain tout s'éclaire, oui elle rit parce qu'elle est bien et que ses gestes la rendent folle et qu'elle est submergée de plaisir et de bonheur. Peut-être que c'est ce que chaque membre du couple aime chez l'autre: ne jamais savoir exactement de quoi il en retourne, être continuellement déstabilisé.

Jacques Fournier

L'auteur est un orga-nisateur communautaire retraité.