Dans un récent éditorial, André Pratte lance un jugement sans appel: l'industrie des courses de chevaux doit mourir. Nous comprenons que, devant les faits présentés il y a quelques jours au palais de justice, les Québécois puissent tirer la même conclusion. Avant de nous laisser disparaître, nous aimerions rappeler que ce sont les erreurs du gouvernement qui nous ont amenés à la présente situation.

Mépris: alors que dans la province voisine, l'Ontario, l'élevage des chevaux est en pleine croissance et constitue désormais, parmi toutes les filières agricoles, la deuxième en importance, les «experts» du ministère des Finances et de Loto-Québec ont conclu que cette industrie représente le passé et doit être négligée au profit d'autres secteurs dits «de pointe». Comme par hasard, ces industries sont situées dans la région de Montréal, alors que nos fermes se trouvent dans les régions, loin des grands centres de décision. Ce n'est pas seulement l'industrie des courses de chevaux qui est en danger, c'est tout un pan de notre agriculture. Mais cela, les élites économiques et financières s'en balancent bien.

 

Manque de transparence: depuis l'annonce du processus de privatisation des hippodromes, autant Loto-Québec que le ministère des Finances ont négligé leur obligation de rendre des comptes. Personne ne sait, par exemple, pourquoi le processus prévoyait la construction d'un nouvel hippodrome «dans la couronne nord» plutôt qu'ailleurs. Avant les procédures judiciaires en cours actuellement, personne ne connaissait la teneur des négociations secrètes entre l'État et le promoteur.

Manque de vision: partout dans le monde, y compris au Québec, l'industrie du jeu et du pari était en plein essor jusqu'à ce qu'éclate la crise financière. En Ontario et aux États-Unis, les courses de chevaux faisaient partie de cet élan. Ici, on a traité les courses comme un relent du passé, avec une main-d'oeuvre vieillissante et une clientèle peu fortunée.

Ignorance: à la suite de l'appel d'offres qui a été remporté, dans des circonstances difficiles à expliquer, par la firme Attractions hippiques, autant ce nouvel opérateur que Loto-Québec ont fait preuve d'une incompétence évidente. Les hippodromes et les salons de jeux sont moins accueillants que jamais. Les programmes de marketing sont inexistants, alors que des millions avaient été promis. Les rapports entre l'opérateur et ses principaux partenaires, les hommes de chevaux, sont caractérisés par la méfiance. Et le gouvernement veut récompenser cette incompétence en injectant plus d'argent dans cette entreprise. C'est à n'y rien comprendre.

Les gens du ministère et de Loto-Québec n'ont jamais cru à la relance de notre industrie. Ils ont négligé l'apport économique de l'industrie dans les régions. Ils ont favorisé indûment Paul Massicotte et son entreprise malgré des défaillances flagrantes. Et maintenant, ils veulent nous faire porter le chapeau. Non merci!

Depuis quatre ans, le gouvernement a fait la sourde oreille devant les protestations et les idées des seules personnes qui savent de quoi elles parlent: les hommes de chevaux. Nous avons fait des propositions raisonnables et responsables et offert de participer gratuitement à la gestion des hippodromes et des courses. Cette offre tient toujours.

Marcel Lacaille

L'auteur est un éleveur de chevaux.