Au début de chaque année, les gens prennent de bonnes résolutions pour les mois à venir. Je veux ajouter mon grain de sel et faire réfléchir sur la «business» de la charité.

La misère, les maladies, la solitude, la guerre, l'ignorance, la cruauté sont malheureusement le lot de plusieurs personnes sur la Terre. Et puis, notre planète subit de plus en plus d'indignités qui se répercutent sur ses habitants humains, animaux, végétaux.

 

Par ailleurs, d'autres personnes sont à l'aise financièrement, en santé, heureuses et conscientes des problèmes.

Il est normal que les premiers puissent compter sur les autres, et il est louable que certaines personnes se proposent pour faire le lien entre les premiers et les autres. Ainsi, les organismes caritatifs sollicitent les donateurs, puis distribuent les dons aux causes éducatives, médicales, sociales, religieuses, environnementales.

Naturellement, les humains n'étant pas parfaits, cette courroie de transmission ne l'est pas non plus. Certaines personnes doivent être payées pour assurer une permanence, d'autres pigent dans la cagnotte, ou on se bute à la corruption à la fin de la chaîne. Ainsi, une partie des dons n'arrive pas à destination.

S'il faut donc s'attendre à un certain pourcentage de perte, il en est un autre, le gaspillage des dons en frais administratifs exagérés, qui relève d'une certaine incompétence, une autre plaie de la «business» de la charité, et cela peut avoir des conséquences néfastes. Cette mauvaise performance pourrait être évitée.

Les organismes caritatifs sollicitent beaucoup par la poste, avec grosses dépenses en papier et en timbre. Quand un organisme envoie plusieurs sollicitations par année, pense-t-il que le donateur va répondre chaque fois? Pourquoi un organisme envoie-t-il un cadeau au possible futur donateur, sinon pour le culpabiliser de recevoir sans donner?

Moi, je suis dans les «autres», ceux qui ont de la chance. Et je me fais une joie et un devoir d'aider les plus défavorisés. Mais j'ai également des obligations personnelles et professionnelles, et ma bourse a donc une quantité limitée de sous à donner aux organismes caritatifs. Je dois faire des choix. Pour être rassurée sur un organisme, je dois pouvoir compter sur le fait que ses frais administratifs ne sont pas exagérés.

En 2008, j'ai été sollicitée par 44 organismes. J'ai reçu au total 130 sollicitations par la poste, donc une moyenne de quatre sollicitations par organisme. Je trouve que la situation est inacceptable, et je dois avouer que je souffre d'une «écoeurantite» aiguë, qui me fait bouder les organismes caritatifs les plus insistants et les plus gaspilleurs... pour le malheur de plusieurs bonnes causes.

Je pense qu'une réflexion s'impose du côté des organismes caritatifs, et peut-être du côté des donateurs également. Les frais administratifs doivent être tenus au minimum pour inspirer confiance aux donateurs, et trop les solliciter a un effet pervers. Le donateur n'a pas besoin de cadeaux, souvent inutiles, et il n'a pas à être culpabilisé pour donner. Savoir qu'il peut aider est sa motivation et sa meilleure récompense, ou du moins cela devrait-il être.

M.J. Lavigueur

L'auteure réside à Montréal.