Ainsi, une nouvelle ère s'ouvre pour les États-Unis et le monde entier. Et ce n'est pas trop tôt.

Je me rappelle l'endroit où je me trouvais lorsque la dernière a commencé. Il y a 28 ans, j'avais suivi l'investiture de Ronald Reagan de mon pupitre dans la classe de Margie Reid. J'avais 13 ans. J'avais développé une conscience politique durant la présidence de Jimmy Carter, une présidence marquée par une performance économique désastreuse et l'insoutenable année de la crise des otages en Iran. Le jour où le pouvoir est passé des mains de Carter, symbole de l'échec, à Reagan, porteur d'espoir, je me suis dit: Dieu merci.

C'était un changement auquel les Américains des années 80, désespérés et anxieux, pouvaient croire. Reagan a tenu ses promesses et c'est pourquoi lui-même et les conservateurs qu'il a laissés derrière lui ont dominé la politique américaine pendant la génération suivante. Même Bill Clinton a dû gouverner comme «Nouveau Démocrate», c'est-à-dire selon la référence Reagan.

 

Les échecs de George W. Bush ont des répercussions bien plus graves que ceux de Carter, mais ils ont tous deux été aussi efficaces pour discréditer une philosophie politique. Bush a quitté Washington hier beaucoup moins populaire que Carter lorsque ce dernier a tiré sa révérence. Et Bush laisse à son successeur, le premier président de la génération X, un ensemble de problèmes économiques énormément plus épineux que l'économie moribonde dont Reagan avait hérité.

Reagan a fait face aux difficultés de son époque avec espoir et détermination, et il l'a emporté. Vingt-huit années plus tard, un nouveau président entre en fonction dans une situation encore plus désastreuse dans l'histoire américaine. Si lui aussi l'emporte, Obama scellera son lien avec le peuple américain et il laissera un héritage de domination libérale démocrate pendant des décennies. L'époque le fera ou le brisera.

Épouvantable bourbier

Mon fils aîné, Matthew, n'est pas beaucoup plus jeune que je l'étais lorsque j'ai suivi la prestation de serment de Reagan. Parce que son père est un journaliste, Matthew en entend davantage sur les affaires mondiales que la plupart des garçons de son âge. Il sait que le pays est dans un épouvantable bourbier. Il aime Barack Obama.

Lundi, fête de Martin Luther King Jr. aux États-Unis, j'ai regardé avec Matthew un documentaire sur la vie de King. Après quoi, je lui expliqué que le monde pour lequel King avait donné sa vie était le monde dans lequel Obama est né. Parce que King a vécu, Obama peut devenir président.

Mon fils a du mal à concevoir que les États-Unis ont déjà été un pays de souffrances et de mauvais traitements pour les Noirs. «J'aurais aidé le Dr King si j'avais vécu alors», m'a dit Matthew, plein d'émotion dans la voix.

J'ai souri. Ce qu'il ignore, c'est comment il aurait été difficile pour un homme blanc du Sud, à l'époque de King, de faire cela ou même de l'imaginer.

Matthew pense aussi qu'un président noir est quelque chose de tout à fait normal. Pour mon fils, hier fut parfaitement ordinaire. Quel triomphe tranquille pour King et pour les États-Unis! Pour le père de Matthew, la lueur d'espoir dans les yeux de son fils, la lueur d'un flambeau confié à une nouvelle génération a fait en sorte qu'hier fut une journée merveilleuse.

L'auteur est éditorialiste au Dallas Morning News.